"Le Gothard est l'un des cols qui est le plus porteur de mythes dans le monde", insiste le Valaisan.
Pour Bernard Crettaz, les 57 kilomètres à travers les Alpes constituent un nouveau type de mythe -celui de la technologie, de la mobilité et de la rapidité - qui "risque de balayer l'ancien mythe du Gothard en tant que rempart et citadelle".
La construction de l'ouvrage, véritable porte vers la Suisse, représente également une contradiction toute helvétique, explique-t-il: "On a à la fois la Suisse forteresse, face à l'immigration, et la mondialisation. Le tunnel de base, en même temps que performance technologique, montre que tous ceux qui rêvent d'une Suisse fermée sur elle-même seront tôt ou tard tenus en échec".
L'image de la Suisse en question
Sachant que l'inauguration du tunnel sera célébrée en grande pompe avec des symboles traditionnels tels que le yodel, Bernard Crettaz se veut critique: "Je n'en peux plus de ces vendeurs d'images qui, soi-disant, nous proposent des images neuves. On se retrouve sans cesse avec des images bricolées qui reprennent de l'ancien et du nouveau".
Dans le cas du Gothard, souligne-t-il, "il faut des créateurs qui soient capables de faire la jonction entre l'ultra-modernité d'une Suisse ouverte et les plus vieux mythes revisités comme la résistance des populations qui ont lutté dans la hauteur. Une résistance revivifiée hors du yodel, des Cervins et autres, dont on en a ras-le-bol."
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hend