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L'aide publique au développement de la Suisse passée au peigne fin

En Somalie et au Kenya, les shebab multiplient les attaques. (photo d'illustration) [RAMADAN MOHAMED HASSAN]
Le Conseil fédéral critiqué sur le budget de la coopération internationale / Le 12h30 / 2 min. / le 2 juin 2016
Le National a libéré jeudi 11,11 milliards de francs pour l'aide au développement de 2017 à 2020, diminuant ainsi le budget qui devait lui être consacré. Il a ainsi suivi l'avis du Conseil fédéral.

Etant donné les difficultés de la Confédération, qui doit économiser un milliard de francs par an dès 2017, la coopération internationale était au centre des débats de la session parlementaire.

Sans surprise, le Conseil national a voté une baisse de l'aide au développement. Cette dernière pourra tout de même compter sur 11,11 milliards de francs pour la période 2017-2020. Un montant correspondant à 92 centimes par habitant et par jour en Suisse.

Aide fondamentale

Professeur à la Faculté des sciences sociales et politiques de l'Université de Lausanne et spécialiste des politiques de développement, François Xavier Merrien se dit "scandalisé" par ces mesures d'économies.

"L'aide au développement est fondamentale, assure ce dernier. Elle est souvent l'objet de critiques car beaucoup de personnes ne la comprennent pas. Les scandales qui l'ont touchée ont contribué à ce phénomène. Mais en ces temps de crise, une diminution de ce soutien serait une catastrophe pour beaucoup de pays."

569 millions en moins de 2017 à 2019

Pour l'année 2015, l'aide au développement représentait 0.5% du revenu national brut (RNB). Le programme de stabilisation 2017-2019, qui a été adopté par le Conseil fédéral et transmis au Parlement, propose de réduire les fonds de 569 millions par rapport au plan financier précédent.

Cette mesure a été acceptée et la part consacrée à l’aide au développement jusqu'en 2020 réévaluée à 0,48% du RNB. Un taux qui demeure inférieur à l’objectif de 0,7% fixé par l’ONU et reconnu par la Suisse.

(données préliminaires 2015 de l'OCDE. Les montants sont au taux de change 2014)

Ayant vu le jour à la suite de la Deuxième Guerre mondiale, principalement sous forme d'assistance technique, l'aide au développement prend réellement son essor au début des années 1960.

Depuis, elle a presque exclusivement augmenté pour s'établir à un peu plus de 3,4 milliards de francs en 2015. Sa raison d'être est le soutien des efforts des pays en développement en vue d'améliorer les conditions de vie de leurs populations.

Deux formes de soutien

L'aide au développement se divise en deux catégories: la bilatérale et la multilatérale. La première est destinée directement aux Etats ou à des partenaires comme les ONG, tandis que la seconde concerne la coopération avec des institutions telles que l'ONU.

En 2015, l'aide bilatérale de la Suisse s'élevait à environ 2,57 milliards de francs, la multilatérale à 774,7 millions.

L'année dernière, les principaux pays directement bénéficiaires de l'aide bilatérale était le Népal (44,1 mio), la Syrie (38,2 mio) et le Myanmar (36,4 mio). L'Ukraine, première nation européenne de ce classement, a reçu 29,8 millions de francs et arrive en 10e position.

"Il n'existe pas de règle générale concernant la répartition de l'aide entre les pays, explique le professeur François Xavier Merrien. En Suisse, se pratique une politique sélective. Il est évident qu'il est impossible d'intervenir partout. Un certain nombre de pays sont donc choisis pour recevoir une aide significative."

Et d'ajouter: "Le soutien se construit sur le long terme. La présence de la Suisse dans les pays ou de certaines ONG peut avantager l'attribution d'aide. La Confédération a également décidé de se focaliser sur des secteurs comme la santé où elle possède un avantage concurrentiel."

Raphaël Cand

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L'aide au développement est-elle efficace?

Lundi, Forum recevait l'ancien diplomate français Laurent Bigot et la coordinatrice romande de Swissaid Catherine Morand pour débattre de l'efficacité de l'aide au développement. Deux personnes aux avis divergeant.

"L'aide d'Etat à Etat est inefficace. C'est un échec depuis 50 ans", assure l'ancien monsieur Afrique de l’Ouest du quai d’Orsay. Selon lui, la principale raison de cette déroute est la corruption des autorités récipiendaires.

Catherine Morand livre un autre point de vue: "On peut se demander si l'aide ne permettrait pas avant tout de limiter les dégâts générés par des règles économiques, commerciales et agricoles qui ne laissent guère de chances aux économies des pays africains."

Avant de distinguer l'aide dispensée par la fondation qu'elle représente de celle d'Etat à Etat: "Dans le cadre de SWISSAID, nos prestations s'adressent aux organisations de la société civile et sont très contrôlées. On fait énormément de choses avec peu. Je pense que cette aide-là a vraiment toute sa place."

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