L'initiative "en faveur du service public", lancée par les journaux Bon à savoir, K-Tipp, Saldo et Spendere Meglio, avait fait l'unanimité contre elle au Parlement. Et elle n'a de loin pas réalisé l'exploit que lui prédisaient certains sondages, les opposants ayant redoublé d'efforts en fin de campagne. Près de 1,637 million d'électeurs ont voté non contre plus de 784'600 oui.
Le rejet a été le plus fort à Obwald (73,1%), suivi par Appenzell Rhodes-Intérieures et Genève (72,6%) ainsi que par le canton de Vaud (72,1%). Les refus les moins nets viennent du Jura (58,6%), de Neuchâtel (58,7%) et du Tessin (62,1%). Fribourg a dit non à 64,1%, le Valais à 67,4% et Berne à 66,8%.
Les arguments des opposants ont fait mouche
Surfant sur la grogne populaire contre les trains bondés, les fermetures de bureaux de poste et les hauts salaires avoisinant des patrons de Swisscom, de La Poste et des CFF, les initiants dénonçaient une dérive dans le service public. La rentabilité serait privilégiée au détriment d'une offre qui ne fait que se péjorer.
Les opposants à l'initiative dénonçaient un texte qui n'améliorerait en rien la situation en bridant les ex-régies fédérales. Ils ont mis en garde contre une expérience risquée alors que le service public fonctionne plutôt bien en Suisse. La Confédération y perdrait en outre d'importants revenus qu'il faudrait compenser par des coupes budgétaires ou des hausses d'impôts.
"Les problèmes soulevés par l'initiative ne sont pas réglés"
"Nous prenons acte des résultats, mais les problèmes soulevés par l'initiative ne sont pas réglés", réagit dans Forum Zeynep Ersan Berdoz, directrice de la rédaction de Bon à Savoir, à l'origine de cette initiative. Elle estime dès lors que l'on se dirige vers un nouveau débat.
"Je suis très soulagé du résultat, car sur le volet du financement, l'initiative aurait eu des effets catastrophiques", indique pour sa part le conseiller national socialiste vaudois Roger Nordmann. Il précise par contre que le PS compte maintenir la pression concernant la question des salaires trop élevés dans les services publics, une question que le Conseil fédéral doit saisir, ajoute-t-il.
>> Retour sur la journée de votation : Les trois initiatives rejetées, oui aux deux autres objets
ats/dk
Le débat a révélé un attachement au service public
Le soutien populaire à l'initiative "en faveur du service public" crée un malaise à gauche, qui dit un "non, mais" pas toujours facile à comprendre. La droite boit du petit lait.
Les initiants vont garder un oeil sur le service public. Si rien n'est fait, "nous n'excluons pas de revenir", a dit à l'ats Zeynep Ersan Berdoz, directrice du journal de consommateurs Bon à savoir et membre du comité d'initiative.
"La force de cette initiative est d'avoir fait parler du service public, a dit le conseiller national Mathias Reynard (PS/BE), membre du comité contre l'initiative "En faveur du service public". Mais ce texte n'était pas la bonne réponse.
Reste que les bons résultats que le texte sur le service public a récolté lors des premiers sondages, ont montré aux politiciens l'attachement de la population au service public.