Et c'est du côté du PDC que la fronde est la plus virulente. Les prises de position de Gerhard Pfister en matière d'asile, de politique familiale ou d'enseignement des religions créent des remous dans les rangs démocrates-chrétiens. Si bien que depuis quelques semaines, la grogne monte.
Une dizaine de parlementaires, surtout des Romands, ont ainsi confié à la RTS leur ras-le-bol vis-à-vis du Zougois: "Depuis deux mois, il aligne les gaffes", lance par exemple un élu romand, alors qu'une de ses collègues estime que leur président "fait le jeu de l'UDC en surfant sur les inquiétudes de la population".
Un ancien élu démocrate-chrétien alémanique se dit même "sidéré et mal à l'aise", jugeant que Gerhard Pfister cimente le virage à droite du PDC, même si pour cet ancien parlementaire, ce n'est pas une surprise non plus.
Après une phase de séduction lorsqu'il était candidat à la présidence, le Zougois Gerhard Pfister est redevenu fidèle à ses convictions. Lui qui a toujours été sur l'aile conservatrice du parti.
Les différences avec Christophe Darbellay
L'ancien président du PDC Christophe Darbellay ne faisait pas non plus l'unanimité, mais le mécontentement semble plus profond avec Gerhard Pfister: "Christophe Darbellay n'était pas parfait, sauf que lui, il savait nous réunir", analyse un conseiller national, qui ajoute que le Valaisan savait faire le lien entre l'aile humaniste, centriste, romande et l'aile économique, plus à droite et alémanique du PDC.
Gerhard Pfister positionne pour sa part son parti plus à droite, ce qui ne plaît pas à tout le monde. Mais personne n'ose s'afficher en public. Ses détracteurs sont un peu mal pris. Et il est difficile pour eux de critiquer publiquement les positions du nouveau président, alors qu'ils n'ont pas proposé de candidature de combat dans la course à la présidence du PDC.
Face à ces critiques souterraines, le principal intéressé répond en substance: "Pas de souci, circulez... il n'y a rien à voir". Gerhard Pfister estime représenter au mieux les intérêts du parti et de son groupe parlementaire. Le Zougois parle de lui comme d'un président rassembleur. Or cela n'est pas le cas aujourd'hui et ceux qui le défendent sont surtout des Alémaniques membres de l'aile conservatrice du parti.
Au PLR, la tactique de Petra Gössi soulève des doutes
Du côté du PLR, la configuration est similaire pour la nouvelle présidente Petra Gössi, également jugée sur une ligne très à droite. Tout comme son prédécesseur Philipp Müller, Petra Gössi a adopté un ton très dur vis-à-vis de la politique migratoire, même si la Schwytzoise ne donne pas l'impression de maîtriser parfaitement ce dossier pour le moment: lundi en conférence de presse, elle s'est par exemple beaucoup reposée sur les arguments de son aîné.
Dans les rangs PLR, la culture de la dissidence est moins répandue, mais certains élus confient tout de même ne pas avoir compris la tactique de Petra Gössi, venue défendre un durcissement de l'asile au lendemain de l'acceptation de la nouvelle loi.
Si comme au PDC, les Romands sont plus critiques que les Alémaniques vis-à-vis de leur nouvelle présidence, Petra Gössi et Gerhard Pfister vont tout de même mener un combat identique dans leurs rangs respectifs: il faudra rassembler.
Pietro Bugnon/jzim