Modifié

Travailler à moins de 70% est "dangereux pour ses avoirs à la retraite"

Le temps partiel empêcherait d'avoir une retraite suffisante
Le temps partiel empêcherait d'avoir une retraite suffisante / 19h30 / 2 min. / le 9 juin 2016
Les femmes qui travaillent à temps partiel ne devraient pas descendre sous la barre des 70%, recommande la Conférence suisse des délégués à l'égalité. Une étude met en garde contre une prévoyance vieillesse insuffisante.

La Suisse est l'un des pays européens où le travail à temps partiel est le plus répandu, rappelle la Conférence suisse des délégués à l'égalité (CSDE) dans un communiqué jeudi. Actuellement, 60% des femmes actives et 16% des hommes actifs travaillent à temps partiel.

Le travail à temps partiel reste une caractéristique typique de l'emploi féminin. La décision de concilier le travail ménager ou l'éducation des enfants grâce à l'activité professionnelle à temps partiel a des conséquences sur la situation financière, non seulement pendant la vie active, mais aussi au moment de la retraite.

"On veut montrer que le travail à temps partiel n'est pas sans conséquence tout au long de la vie mais surtout à la retraite", a expliqué Nicole Baur, déléguée neuchâteloise à l'égalité, au 12h45 de la RTS jeudi.

Plusieurs facteurs négatifs pendant la vie active (travailler à moins de 70% sur des périodes prolongées, avoir une mauvaise caisse de pension ou le divorce) peuvent conduire à devoir vivre avec moins que le minimum vital à la retraite, a-t-elle précisé.

>> Ecouter son intervention :

Temps partiel - Retraite: entretien avec Nicole Baur
Temps partiel / Retraite: entretien avec Nicole Baur / 12h45 / 2 min. / le 9 juin 2016

Prestations complémentaires

A l'âge de la retraite, un nombre important et croissant de personnes, surtout des femmes, n'atteignent pas le minimum vital et sont tributaires des prestations complémentaires, un coût important pour la société.

La CSDE a mandaté l'IDHEAP pour évaluer concrètement les effets du travail à temps partiel sur les prestations de la prévoyance vieillesse.

Les chercheurs ont aussi évalué les conséquences d'un divorce ou d'un règlement de caisse de pension défavorable.

L'exemple a été donné pour une vendeuse en pharmacie qui démarre sa carrière à 100% avec un salaire de 3300 francs. Lorsqu'elle se marie à 26 ans, elle baisse une première fois son taux d'activité à 80%, puis à nouveau à 50% et 20% après la naissance de ses deux enfants. Elle divorce à l'âge de 44 ans et reprend un taux à 60% puis 80%, mais cela ne suffira pas à lui assurer une rente au-dessus du minimum vital (évalué aujourd'hui à 3100 francs pour une personne seule) à l'âge de la retraite, alors que son mari, qui a gagné toute sa vie 5500 francs, n'a cessé de voir son revenu progresser.

Recommandations

Le choix du temps partiel engendre des problèmes économiques tant pour les individus eux-mêmes que les collectivités. Sur la base de cette étude, la CSDE émet des recommandations aux individus, mais aussi aux entreprises, aux caisses de pension et de compensation, aux pouvoirs publics, au parlement fédéral et aux législatifs cantonaux.

Elle demande par exemple aux entreprises d'éviter les faibles taux d'activité et au parlement fédéral de mieux protéger les bas revenus, y compris le travail à temps partiel, dans le cadre de la réforme Prévoyance vieillesse 2020.

Le choix du travail à temps partiel vient surtout du fait que la Suisse est l'un des pays développés dépensant le moins d'argent public pour les politiques familiales et la petite enfance. Les délégués à l'égalité invitent les pouvoirs publics à s'en souvenir et à faire le nécessaire pour inverser la tendance.

sbad avec ats

Publié Modifié

Situations plus précaires

Actuellement, 6 femmes qui exercent une activité professionnelle sur 10 ont un emploi à temps partiel, contre seulement 1,6 homme sur 10.

Un faible taux d’activité engendre plusieurs risques, note l'étude: des conditions de travail précaires, de moins bonnes assurances sociales, des possibilités de formation continue et de carrière plus limitées.

Cela a pour conséquence que nombre de femmes âgées doivent recourir aux prestations complémentaires à l’AVS.

Un modèle égalitaire, dans lequel la femme et l’homme travaillent, en moyenne, à minimum 70%, évite ces écueils, même en cas de divorce.