Le groupe de travail planche depuis deux ans sur la question d'un développement de l'actuel système d'obligation de service. Le mandat du Conseil fédéral réclamait des solutions compatibles avec la priorité du service militaire obligatoire et avec le principe de milice.
Ce groupe a retenu plusieurs propositions: la principale porte le nom de "statu quo plus" et prévoit de garder le système actuel en augmentant la porosité entre l'armée, la protection civile et le service civile. Mais à côté de cela il propose aussi l'extension de l'obligation de servir pour les femmes.
Adaptation du modèle norvégien
Cette proposition est une adaptation du modèle norvégien. Depuis 2015, la Norvège a une armée sexuellement neutre, selon la terminologie officielle. Ce changement récent répond plus à une préoccupation d'égalité des sexes qu'à une réflexion géostratégique. Cette extension de l'obligation de servir aux Norvégiennes permet à l'armée d'être plus rigoureuse dans la sélection des militaires.
Mais ce qui différencie la Norvège de la Suisse, c'est qu'une grande partie de l'armée est professionnelle. Si, en théorie, 60'000 jeunes Norvégiens pourraient être incorporés chaque année, ils ne sont en réalité que 10'000. Et les critères pour éviter de servir sont bien plus nombreux en Norvège qu'en Suisse.
Ce modèle a reçu le soutien notamment du brigadier Denis Froidevaux, ancien président de la Société suisse des officiers, qui n'a jamais caché sa sympathie pour ce modèle sur les ondes de la RTS. Il a lui même participé au groupe de travail, dans lequel siégeaient aussi de nombreux représentants non militaires comme des délégués de la protection civile, du service civil ou d'organisations telles que la Croix-Rouge.
Au National, le socialiste valaisan Matthias Reynard avait déposé en 2013 un postulat demandant d'étudier la possibilité d'intégrer les femmes, mais aussi les étrangers, dans un service obligatoire ou volontaire.
Peu de chances de succès politique
Les chances politiques d'un tel changement dans le service militaire sont assez faibles. Le peuple a dit en 2012 en votation son très fort attachement au système de milice. Le Parlement vient de valider la réforme de l'armée qui prévoit 140'000 hommes avec la réserve. L'armée est en pleine réforme et le moment pour intégrer un tel changement de paradigme n'est pas favorable.
De nombreuses femmes estiment aussi que tant qu'elles ne bénéficient pas de l'égalité dans la société, salariale notamment, il n'est pas question qu'elles soient astreintes au service militaire obligatoire.
Stéphane Deleury/lgr