Le débat a tourné autour de l'ampleur des pertes fiscales estimées à deux milliards de francs, dont plus d'un milliard à charge de la Confédération. La gauche lancera un référendum: elle dénonce une multiplication des cadeaux fiscaux et refuse que Berne perde plus de 500 millions dans l'opération. Le ministre des Finances Ueli Maurer a lui jugé le projet équilibré.
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Sans succès (122 voix contre 64), le camp rose-vert s'est opposé à un modèle d'impôt sur le bénéfice avec déduction des intérêts notionnels (intérêts fictifs déductibles lorsque les entreprises se financent sans emprunt), que les cantons seraient libres d'appliquer ou non. La gauche craint des pertes de 610 millions de francs.
Coup de pouce aux cantons
La majorité de droite a néanmoins accepté d'ajouter la condition posée par le Conseil des Etats. Il faudra parallèlement que les dividendes soient imposés à 60% au minimum.
Les députés se sont aussi ralliés aux sénateurs sur l'ampleur du coup de pouce aux cantons pour affronter la facture de la réforme. La part cantonale de l'impôt fédéral direct passera à 21,2% (le Conseil fédéral proposait de passer de 17 à 20,5%), ce qui rapportera un milliard au total aux cantons.
ats/jvia
Une réforme sous pression internationale
La troisième réforme de l'imposition des entreprises a été lancée sous la pression internationale. L'ODCE et l'UE ne veulent plus de la concurrence "déloyale" qui fait bénéficier les quelque 24'000 entreprises étrangères sises sur territoire helvétique de statuts spéciaux. Ces derniers vont donc disparaître dès 2019.
Pourtant, cette imposition rapporte des milliards de francs.
Pour éviter un départ des ces firmes étrangères, de nouvelles largesses, compatibles avec les règles internationales, seront accordées à toutes les entreprises, suisses et étrangères.
Péréquation financière chamboulée
Avec la réforme de la fiscalité des entreprises, le calcul du potentiel de ressources des cantons - ou péréquation financière - se fera sur d'autres bases.
En supprimant les statuts fiscaux spéciaux, on devrait en effet répercuter les bénéfices à 100%. Des cantons comme Bâle-Ville ou Vaud se retrouveraient alors bien plus riches sur le papier et seraient appelés à payer davantage. Une nouvelle méthode de calcul de la péréquation permettra d'éviter ce phénomène.
Une compensation de 180 millions par an est en outre prévue pour soulager les cantons qui pourraient faire les frais du changement de système. Ce coup de pouce est prévu de la cinquième à la onzième année après l'entrée en vigueur de la réforme.