Le bruit a couru la semaine dernière en Italie et dans plusieurs médias que la Suisse avait fermé ses frontières, d’où l’apparition de campements de migrants bloqués à Côme, contraints de bivouaquer en pleine ville à la belle étoile, disait la rumeur.
Il a même été question d'une ville transformée en "nouvelle Calais" ou en "Vintimille".
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Des Erythréens en transit
Samedi, une vingtaine de migrants se trouvaient bel et bien dans le parc public proche de la gare de Côme, a pu constater l'envoyée spéciale de la RTS Nicole Della Pietra. Il s'agissait d'Erythréens pour la plupart. Certains d'entre eux avaient déjà tenté d’entrer en Suisse mais avaient été reconduits par les gardes-frontière côté italien parce que considérés comme des personnes en situation illégale sur le territoire helvétique.
"Nous assistons en ce moment à une moyenne journalière de 200 arrivées illégales, la plupart à la frontière sud à Chiasso" précise Walter Pavel, porte-parole de l’Administration fédérale des douanes, dont dépendent les gardes-frontières.
La plupart de ces migrants sont des Erythréens qui ne souhaitent pas déposer une demande d’asile en Suisse, qu'ils ne considèrent que comme un pays de transit - ce qui n'est pas possible. Lors de la première semaine de juillet, 1311 migrants sont ainsi arrivés à Chiasso mais 966 ont ensuite été réadmis en Italie.
"Le nombre de demandes d’asile déposées auprès des gardes-frontières au sud a diminué ces dernières semaines. Mais les migrants qui ne souhaitent que transiter par la Suisse sont raccompagnés par les gardes-frontières en Italie, conformément à l’accord de réadmission" conclu avec Rome, poursuit Walter Pavel.
Perte d'attractivité
Le patron du Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM), Mario Gattiker, voit au moins deux raisons à la perte d'attractivité de la Suisse: elle applique rigoureusement les accords de Dublin. Pendant ce temps en Allemagne, le nombre de demandes d’asile d’Erythréens a doublé depuis le début de l’année. Le directeur du SEM évoque aussi le bon fonctionnement des "hot spots" de l’Union européenne, ces centres d’enregistrement dont plusieurs se trouvent en Italie. Et les migrants qui bivouaquaient à Côme ont justement été reconduits dans l’un d’eux, dans les Pouilles.
C'est le signe que la collaboration avec l’Italie s’améliore. Lors de son récent voyage à Rome, le chef du Département fédéral des finances, et ex-ministre de la Défense, Ueli Maurer a aussi abordé plusieurs points pour améliorer la collaboration italo-suisse.
Le travail du centre de coopération douanière de Chiasso fonctionne aussi. L'envoyée spéciale de la RTS a observé de près le partage des tâches entre les agents suisses et leurs homologues italiens dans la gestion d’un groupe de migrants, ce qui n'était pas le cas auparavant.
Situation sous contrôle en Italie
L’Italie agit désormais aussi en amont de la frontière, comme à Monza, au nord de Milan: des carabiniers et des agents de la police d’Etat italienne interceptent des migrants à bord des trains en direction de Chiasso et les font descendre des rames.
A Milan, où des milliers de familles de réfugiés syriens avaient transité pour rejoindre le nord de l’Europe, on constate un retour à la normale à la gare centrale et dans ses environs. C’est sans doute un signe de plus que la Péninsule contrôle désormais mieux la situation.
Nicole della Pietra/oang