La Suisse "soutient le gouvernement légitime et démocratiquement élu en Turquie", indique le Département fédéral des affaire étrangères (DFAE) dans un communiqué diffusé lundi en fin de journée, près de trois jours après la tentative de prise de pouvoir par l'armée turque.
Toutefois, la Confédération appelle également les autorités turques à faire "preuve de retenue" dans leur réaction aux événements. Il faut "éviter l'arbitraire", donc préserver l'indépendance des tribunaux, mais aussi respecter les droits de l'homme et l'Etat de droit, insiste le DFAE.
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Cette prise de position de la diplomatie helvétique - condamner d'un côté ceux qui voulaient déstabiliser l'Etat turc, appeler de l'autre à la modération dans la réaction du gouvernement - a par ailleurs été communiquée au chargé d'affaires turc en Suisse.
La Turquie, un partenaire important
Reste que la position du DFAE, même si elle est équilibrée, se garde bien de mettre le gouvernement élu et les putschistes au même niveau. D'autant plus que la Turquie est un partenaire fort de l'Europe et de la Suisse, en particulier sur le plan migratoire, comme le mentionnent nombre d'observateurs.
Ni l'Union européenne ni la Confédération ne souhaitent que la Turquie laisse à nouveau les migrants rejoindre l'Europe. La Turquie tient le couteau par le manche, et c'est pourquoi la communauté internationale n'est pas prête à condamner formellement la répression.
Quant à la Suisse, qui est déjà eu par le passé des relations troublées avec la Turquie, elle n'est pas non plus encore prête à la confrontation diplomatique. "La Suisse est certes dépositaire des conventions de Genève, mais elle ne doit pas mener la croisade des droits de l'homme pour autant", affirme ainsi un grand connaisseur du dossier, opposé à des sanctions.
La peine de mort, ligne rouge
Le ton pourrait changer radicalement en cas de rétablissement de la peine de mort, considéré comme une ligne rouge. La cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini l'a fait comprendre lundi, excluant toute adhésion de la Turquie à l'UE si la peine capitale était réinstituée.
La Suisse est sur la même ligne. Elle ne devrait condamner ou sanctionner la Turquie que dans ce cas-là. L'espoir est que le régime Erdogan retrouve de lui-même le sens de la mesure et la stabilité, par deux facteurs jugés plus puissants que les critiques diplomatiques: l'exode des investisseurs et la raréfaction des touristes.
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Thibaut Schaller/dk