Depuis une quinzaine d'années, la Confédération et les cantons se sont donné les outils nécessaires pour renforcer l'accueil extrafamilial des enfants. Mais aujourd'hui encore, il semble que les Alémaniques ont moins recours à cette solution de garde que les Romands. La Neue Luzerner Zeitung faisait ainsi état cette semaine d'un trop plein de places de crèches en ville de Lucerne. C'est aussi le cas dans certains quartiers de Zurich ou de Bâle.
Cette vacance des places de crèches dans certaines régions alémaniques ne surprend pas Nadine Hoch, directrice de la Fédération suisse pour l'accueil de jour de l'enfant (kibesuisse), qui évoque une différence culturelle. En Suisse alémanique, les projets de crèches viennent toujours d'initiatives privées, rappelle-t-elle, "l'Etat ne s'implique pas dans ces questions." Selon elle, en Suisse alémanique, on se tourne davantage vers l'aide de la famille ou de l’entourage. Elle ajoute que cette tendance est plus forte dans les régions rurales qu’en ville.
Les Romands privilégient la crèche
Les Alémaniques seraient donc moins friands de la garde en crèche que les Romands, une tendance que confirme Fabienne Benninghof, responsable de l'Observatoire cantonal de la petite enfance à Genève. "Pour les parents, en tout cas quand on les interroge sur leurs préférences pour garder leurs enfants, il y a une très nette préférence pour les accueils institutionnels et notamment en crèche", constate-t-elle. "C'est devenu vraiment la référence".
Une autre piste d'explication pourrait être la différence de subventionnement des coûts de la garde en crèche. "Les parents suisses allemands paient environ deux tiers des coûts d'une place alors que les parents romands ne paient qu'environ un tiers", souligne Nadine Hoch. "Donc le subventionnement par les cantons, les communes et les employeurs est nettement meilleur en Suisse romande."
La situation s'améliore progressivement
Mais de manière générale la pénurie de places de crèche en Suisse romande se résorbe depuis quelques années. En ville de Genève par exemple, selon des prévisions du Service de la petite enfance, 95% des demandes devraient être couvertes d'ici à 2020.
Tania Sazpinar/oang