"La Turquie est un partenaire prioritaire pour la stabilité de la région. On doit donc tout faire pour encourager la stabilité du pays tout en émettant les appels nécessaires pour le respect de la démocratie", a indiqué le conseiller fédéral dimanche dans une interview.
Pour Didier Burkhalter, "le putsch a constitué un danger très grave pour la démocratie". Toutefois "la démocratie serait aussi en danger s'il y a des abus". Ce qui va se passer maintenant pourrait être "une chance de montrer la possibilité d'une réconciliation nationale dans une société qui est très divisée". Mais actuellement, "il y a vraisemblablement ici ou là des excès dans la répression", a-t-il déploré.
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En raison de ces excès, "nous devons maintenir un contact très étroit avec les autorités turques", a-t-il estimé. Actuellement, la relation entre la Suisse et la Turquie est "directe et de confiance", a indiqué le ministre des Affaires étrangères. Une "certaine discrétion" est nécessaire pour "la maintenir à ce niveau", a-t-il soutenu.
Démarche diplomatique entreprise
"Tout ce qui est dans l'intérêt de la Suisse doit être fait", a assuré le conseiller fédéral. "Ainsi, nous disons à nos partenaires turcs de manière claire que la Suisse n'est pas impliquée dans ces tensions et ne souhaite pas l'être".
Néanmoins, Didier Burkhalter a annoncé qu' "une démarche diplomatique à Ankara" avait été entreprise mercredi dernier. "Nous sommes vraisemblablement l'un des rares pays à l'avoir fait", a-t-il précisé. L'objectif de la démarche est notamment "de comprendre pour quelles raisons ils ont déterminé très rapidement les sources du putsch", a-t-il expliqué.
Citoyens turcs "en sécurité"
"Les citoyens turcs qui sont en Suisse sont en sécurité", a promis le ministre, en référence aux menaces de l'ambassade turque en Suisse, qui a annoncé vendredi que les sympathisants de Fethullah Gülen devaient s'attendre à des poursuites.
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Didier Burkhalter a indiqué que "les autorités turques peuvent toujours émettre des demandes d'entraide judiciaire". Toutefois, "c'est à la Suisse de décider souverainement ce qui se passe sur son territoire pour les personnes qui s'y trouvent".
C'est à la Suisse de décider souverainement ce qui se passe sur son territoire
Pour que les procédures d'entraide judiciaire soient accordées, elles doivent remplir une série de conditions. "Et dans le cas présent, je ne le vois pas vraiment", a-t-il relevé.
Toutefois, convoquer le représentant d'Ankara à Berne "n'est pas une bonne idée", selon lui. D'ailleurs, une discussion a déjà eu lieu lundi passé. Des messages ont déjà été transmis, "notamment celui sur la peine de mort", a assuré Didier Burkhalter.
Propos recueillis par Linda Bourget/bri
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