Coprésident de l’Association des médecins de famille de Neuchâtel, Joël Rilliot souligne que les prestations en l’absence du patient occupent beaucoup de son temps. Il évoque pour exemple le dossier d'une patiente hospitalisée pour laquelle il a reçu un rapport qu'il doit lire afin d'organiser le suivi et un potentiel traitement. "Cela va me prendre du temps, que j'ai le droit de facturer (…) puisque cela a un lien direct avec la prise en charge du patient." Le généraliste précise que ce genre de prestation a représenté 26% de son chiffre d'affaires en 2015.
Des montants qui ont doublé en six ans
"Les prestations en l'absence du patient augmentent très, très fortement" note Christophe Kaempf, porte-parole de Santésuisse. L'association faîtière a observé entre 2010 et 2015 un doublement de la facturation de ces prestations, passées de 200 millions à plus de 400 millions de francs. "Ca nous inquiète dans la mesure où - dans le même laps de temps - les coûts globaux de la santé à la charge de l'assurance maladie obligatoire ont augmenté de 24%."
La hausse s’explique aussi par la digitalisation des consultations. De plus en plus, c’est par courriel que les patients s’adressent à leur médecin. "Cela m'arrive relativement fréquemment d'avoir des demandes de la part de patients qui me signalent un élément ou un autre, qui même parfois envoient des photos", explique Joël Rilliot. "Et c'est une prestation médicale, mais comme le patient n'est pas là on la facture en absence. Ce n'est pas un téléphone."
Abus de la part des médecins?
Santésuisse, elle, pense que certains médecins abusent de cette possibilité de facturer cette prestation sans aucun contrôle. "On remarque entre 2010 et 2015 un doublement de la facturation de cette prestation alors que le nombre de consultations n'a augmenté lui que de 15%, indique Christophe Kaempf. Très critique, l'association dénonce l’avidité de certains médecins qui profiteraient de toutes les brèches pour gagner davantage.
"C'est possible qu'on optimalise nos revenus", réplique le généraliste neuchâtelois, "mais c'est aussi possible simplement qu'on ait pris conscience de la valeur de ce travail". Joël Rilliot souligne que certains de ses collègues ne le facturent pas. "Mais je pense qu'on s'en rend compte et donc, se mettant à les facturer, évidemment on les voit apparaître dans les statistiques. Mais de dire qu'il y a un appât du gain, une avidité, sans chiffres, ce n'est pas possible de se prononcer là-dessus."
A noter tout de même que les prestations en absence du patient représentent moins de 1,5% des 30 milliards de francs annuels à la charge de l'assurance obligatoire.
Alain Arnaud/oang
Les prévisions des assureurs pour 2017
Santésuisse a annoncé début juillet une augmentation moyenne des primes maladie de 4% à 5% pour l'an prochain.
Les caisses ont jusqu'à fin juillet pour calculer leurs primes et les transmettre à l'Office fédéral de la santé publique (OFSP).
Cette nouvelle progression est imputable avant tout à une population qui vieillit, des traitements plus chers en raison des progrès médicaux et des consultations plus fréquentes.