Au lendemain des attaques en Allemagne, la santé psychique des migrants suscite le débat. Lundi, le président des syndicats de police allemands a évoqué la nécessité d’examiner davantage l’équilibre mental des réfugiés.
Et la question préoccupe aussi en Suisse. Les médecins de l'Hôpital de l'Ile à Berne ont ainsi constaté que 14% des requérants d’asile qui arrivent au service des urgences présentent des troubles psychiques, comme le révélait dimanche la SonntagsZeitung. C’est même la troisième cause de consultation après les blessures et les infections.
Les médecins soulignent qu’un tiers des réfugiés du Proche-Orient souffrent de troubles mentaux, contre seulement 4% des migrants africains. Il est question de dépressions et de psychoses notamment. Et face à cette hausse des consultations, les urgentistes sont débordés.
Prises en charge insuffisantes en amont
Lors de leur arrivée en Suisse, les requérants bénéficient d'un examen de santé général systématique dans l'un des cinq centres d’enregistrement. Des observations peuvent aussi être faites sur le terrain par le personnel de ces structures. Mais pour la plupart des médecins spécialisés contactés par la RTS, cela ne suffit plus.
Et cette situation inquiète les spécialistes. Comme les médecins cantonaux réunis en juin dernier, la Société suisse de psychiatrie et de psychothérapie est, elle aussi, préoccupée par la situation. Mais son président, le docteur Pierre Vallon, veut éviter l’alarmisme et évoque avant tout un phénomène de masse.
Autrement dit: l'augmentation de réfugiés rime avec l'augmentation des cas mais pas forcément de leur gravité. Ce qu’il craint en tant que médecin, bien avant le risque d’attentat, c’est la chronicité de certains troubles - avec tous les problèmes que cela comporte.
Longue attente pour les soins ambulatoires
Car les places pour les traitements, même ambulatoires, sont rares. Il en manque aujourd'hui 500 dans des institutions appropriées en Suisse, et la liste d’attente pour suivre un traitement ambulatoire dans une structure psychiatrique, transculturelle par exemple, est de 6 à 18 mois à Zurich ou à Berne notamment.
Pour Jan von Overbeck, médecin cantonal bernois et président de l'Association des médecins cantonaux de Suisse (AMCS), on a clairement sous-estimé le facteur psychique dans la prise en charge des migrants arrivant en Suisse.
>>> Ecouter l'interview de Jan von Overbeck:
L’Union européenne, elle aussi, s’est penchée sur la question. Elle devrait prochainement publier un rapport sur la santé mentale des migrants, un document aussi très attendu par les spécialistes en Suisse.
Nicole della Pietra/oang