"C'est la première fois qu'un coup d'Etat échoue en Turquie, c'est en soi une bonne chose", a commenté le secrétaire d'Etat du Département des affaires étrangères (DFAE), Yves Rossier, mardi matin sur La Première.
Après trois coups d'Etat réussis et un quatrième où il a suffi que les militaires menacent pour faire tomber le gouvernement, le diplomate relève que cette fois-ci les partis d'opposition ont défendu l'Etat de droit et que les gens n'ont pas eu peur de descendre dans la rue face à l'armée qui n'a pas tiré sur la foule.
Si le coup d'Etat a échoué, c'est que la Turquie a changé
"Si le coup d'Etat a échoué, c'est que la Turquie a changé. Il y a eu une modification fondamentale de la Turquie, dans ses lois durant les négociations pour l'adhésion à l'Union européenne sous la houlette du parti au pouvoir", indique Yves Rossier, qui évoque également la modernisation sociale et le développement économique du pays ces dernières années.
Mois à venir "déterminants"
Interrogé sur la menace d'une islamisation rampante et du risque de dérive autoritaire du régime de Recep Tayyip Erdogan, les mois à venir seront "déterminants", juge le secrétaire d'Etat. Dans la lignée du conseiller fédéral Didier Burkhalter, il estime que le rôle de la Suisse est de rappeler à Ankara ses engagements, notamment en ce qui concerne les principes de l'Etat de droit.
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"La Suisse ne se contente pas de déplorer. Si je prends toutes les démarches et déclarations que nous avons faites, nous sommes probablement parmi les Etats européens qui ont le plus réagi aux événements en Turquie, notamment sur les questions de respect de l'Etat de droit", a-t-il insisté dans le Journal du matin.
jgal
Les allégations de torture sont "graves"
Les allégations d'Amnesty international - qui parle de "preuves crédibles" de torture sur des détenus en Turquie - sont "graves", estime Yves Rossier qui reste toutefois prudent. "Les semaines à venir nous permettrons de savoir si effectivement elles sont fondées", a indiqué le secrétaire d'Etat.
"Lorsqu'il y a des violences policières, il y a une distinction à faire. Est-ce qu'il s'agit de violences policières délibérées, donc une politique délibérée de l'Etat en question de violer les droits des personnes concernées, ou s'agit-il de violences commises par des représentants des forces de sécurité comme cela peut arriver dans des situations extrêmes. Ce sont des éléments que nous n'avons pas aujourd'hui", a-t-il rappelé.