Si la politique suisse de la drogue dite des quatre piliers - prévention, thérapie, réduction des risques et répression - est toujours d'actualité pour Nicolas Feuz, le procureur, "qui arrête des trafiquants depuis quinze ans", reconnaît que la lutte contre le trafic est aussi "un puits sans fond".
Ainsi, il pense à la dépénalisation totale de la consommation de drogue, un thème au coeur des travaux de diverses commissions dont il est membre. A titre privé, le procureur - interrogé dans le Journal du matin lundi - dit voir "des avantages à dépénaliser la consommation de toutes les drogues, pour autant qu'il y ait un renforcement drastique de la prévention".
En finir avec la drogue "in"
Autre condition, selon Nicolas Feuz, à une dépénalisation de la consommation des drogues, que la Suisse ne soit pas isolée dans sa démarche en Europe, sous peine de risquer de drainer un tourisme de la drogue.
Mais la tâche paraît difficile en l'état, compte tenu de la différence de vision du phénomène qui existe avec la France notamment, qui "traite le cannabis comme nous traitons les drogues dures".
Quant au marché suisse, le procureur constate que "la cocaïne a envahi nos rues, qu'elle touche tous les milieux et que sa consommation se banalise, comme la marijuana il y a 15 ans. C'est inquiétant." Et de conclure: "Tant qu'il y aura de la demande, il y aura de l'offre." Par conséquent, "il faut faire en sorte que la drogue ne soit plus 'in", conclut Nicolas Feuz.
gax
Auteur de polars
Parallèlement à sa profession de procureur, le Neuchâtelois Nicolas Feuz est auteur de romans policiers. Il est lauréat du premier Prix du meilleur polar indépendant du Salon du livre de Paris en 2015.
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