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Nouvelle offensive de Christoph Blocher contre l’accord institutionnel avec l’UE

Christoph Blocher lors de l'assemblée des délégués de l'UDC, 23.04.2016. [Keystone - Lukas Lehmann]
Christoph Blocher lance une campagne de pub contre tout accord avec l'UE / Le 12h30 / 2 min. / le 2 août 2016
L'offensive de Christoph Blocher contre l'accord institutionnel que la Suisse négocie avec l'UE se concrétise. L'ancien conseiller fédéral s'offre une vaste campagne publicitaire dans la presse suisse du jour.

Pour le milliardaire zurichois, un tel traité correspondrait à une "adhésion insidieuse" à l'Union européenne. Le stratège de l'UDC surfe sur la vague du Brexit. La Grande-Bretagne a préféré la "séparation douloureuse" à "l'intégration pesante" avec l'Union européenne, explique Christoph Blocher dans la presse.

Le Zurichois dénonce la politique des "eurofanatiques" et estime que la Suisse, qui a refusé l'entrée dans l'Espace économique européen (EEE) en 1992, se trouve aujourd'hui "en meilleure position que les pays de l'Union européenne". Christoph Blocher concède qu'une adhésion de la Suisse à l'UE n'est plus d'actualité, mais que "les politiciens" veulent la réaliser d'une manière détournée, par l'accord institutionnel que l'Union européenne veut signer avec la Suisse pour donner un nouveau souffle à la voie bilatérale,

Accord institutionnel visé

Ce traité est censé chapeauter les plus de 120 accords bilatéraux sectoriels. Mais cet accord-cadre, en discussion depuis 2013, équivaudrait à rattacher la Suisse à l'Union européenne, estime l'ancien conseiller fédéral UDC. Selon lui, la Confédération renoncerait ainsi à son autodétermination, contrainte de reprendre systématiquement les normes de droit de l'Union européenne, sans que le peuple puisse se prononcer. Il fait ainsi référence aux juges étrangers de la cour de justice de l'UE.

Christoph Blocher joue sur deux tableaux. D'un côté en tant que stratège de l'UDC, parti qui devrait déposer une initiative dans 10 jours pour la suprématie du droit suisse. De l'autre, en tant que président du comité "EU Nein", à l'origine de l'encart du jour, contre l'accord institutionnel.

Devant la presse vendredi

Une nouvelle fois, Christoph Blocher écrit l'agenda politique suisse. . Il se met en scène dans un entretien, diffusé à très large échelle dans la presse suisse. C'est sans doute une de ses plus grosses campagnes publicitaires.

En se retirant du Parlement il y a 2 ans, Christoph Blocher annonçait vouloir se concentrer sur cette bataille, éviter tout rapprochement avec l'Union europénne. Il avait créé à cet effet le comité "EU-nein", qu'il préside aussi. Le Zurichois viendra d'ailleurs présenter ses troupes vendredi en conférence de presse.

Pietro Bugnon/lan

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Pourquoi cette campagne n'est-elle pas menée par l'UDC?

L'UDC ne participe pas à la campagne de Christoph Blocher pour se donner plus de chance de gagner un jour une votation populaire sur les bilatérales renouvelées.

Le comité "EU-nein" a été créé il y a trois ans par Christophe Blocher et ses proches lieutenants Ulrich Schlüer et Thomas Aeschi. Il est totalement indépendant des partis politiques.

L'idée est de permettre à des non-membres de l'UDC d'afficher leur euroscepticisme et de combattre la solution institutionnelle. Mais surtout les statuts permettent l'adhésion de membres collectifs, comme l'Association pour une Suisse indépendante et neutre (ASIN), des fédérations de chasseurs, des associations de consommateurs ou de protection des animaux. Au total, une centaine de groupement feraient déjà partie de ce comité et seraient prêts à relayer les informations à leurs propres membres.

L'association compterait déjà plusieurs milliers de membres individuels. Selon la conseillère nationale genevoise Céline Amaudruz, l'adhésion est plus difficile en Suisse romande.

>> Les explications de Stéphane Deleury:

La réaction d'Albert Rösti, président de l'UDC

Christoph Blocher est un chef stratégique dans la direction de l’UDC, rappelle le président du parti Albert Rösti, mardi dans l’émission Forum. "J’ai explicitement voulu qu’il reste pour profiter de son expérience énorme", explique-t-il, satisfait que le le tribun zurichois ait fait du dossier des relations entre la Suisse et l’UE sa priorité.

Quant à la distinction entre l’UDC et le groupe UE-NON, "nous sommes deux groupes indépendants", précise encore Albert Rösti. Or l’existence de ce groupe est stratégique: "Pour un jour gagner un combat contre l’adhésion, il faut aussi [rassembler] des gens qui ne sont pas dans l’UDC, qui défendent peut-être une politique verte ou de gauche".

>> L’interview d’Albert Rösti: