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Quels moyens pour lutter contre les allergies alimentaires dangereuses à l'école?

Les réactions allergiques sévères aux fruits à coques ont explosé ces dernières années
Les réactions allergiques sévères aux fruits à coques ont explosé ces dernières années / 19h30 / 2 min. / le 10 août 2016
Plusieurs dizaines d'écoles alémaniques ont décidé d'interdire noix et cacahuètes pour protéger les enfants allergiques. Une mesure qui ne fait pas l'unanimité, alors que les réactions sévères aux fruits à coques explosent.

Face au risque, des écoles ont choisi d'interdire purement et simplement les noix et les arachides. Pour les personnes les plus sensibles, même une infime quantité de particules de noix peut occasionner un choc anaphylactique, qui peut entraîner la mort.

Aucune denrée contenant ces substances n'est admise dans l'enceinte de l'école et les enfants doivent observer cette consigne, tout comme le personnel.

En Suisse alémanique, au moins 70 écoles disposent d'un service de prise en charge des allergies, d'après l'Association suisse des personnes allergiques aux arachides (Verein Erdnussallergie und Anaphylaxie, VEAA).

Prudence de mise

Du côté romand, aucune interdiction n'est en vue, mais pour Jacqueline Wassenberg, cheffe du Service d'immunologie et d'allergie au CHUV, les enseignants, les responsables de cantines scolaires, les crèches doivent être formés à reconnaître une réaction allergique et à la traiter si nécessaire.

En Suisse, 4 à 8% des enfants souffrent d'allergies alimentaires et ces 20 dernières années, les réactions allergiques sévères ont augmenté de 700% en Europe et aux Etats-Unis.

Par ailleurs, un cinquième de la population doit composer avec une intolérance alimentaire (qui ne fait pas intervenir le système immunitaire et ne présente pas les mêmes symptômes), indique le Centre d'Allergie Suisse, qui a fait des allergies alimentaires son thème de l'année 2016.

L'Organisation mondiale de la santé classe les allergies au quatrième rang des maladies chroniques dans le monde et estime que, d'ici à 2050, une personne sur deux sera allergique. Au cours des 20 dernières années, le nombre de personnes touchées a doublé.

Il y a quelques années, il y avait beaucoup moins d'allergies car les gens vivaient plus à la campagne et mangeaient différemment

Philippe Eigenmann, pédiatre allergologue aux HUG

Vivre plus proche de la nature

Selon le Professeur Philippe Eigenmann, spécialiste des allergies interrogé par la RTS, le meilleur moyen d'éviter les allergies "serait de naître et de grandir dans une ferme" afin d'être plus exposé aux bactéries. En effet, nous serions de plus en plus allergiques à cause de nos modes de vies de moins en moins proches de la nature.

"Il y a quelques années, il y avait beaucoup moins d'allergies car les gens vivaient plus à la campagne et mangeaient différemment", explique le responsable de l'Unité d'allergologie pédiatrique aux HUG.

Mais comme tout le monde ne peut pas grandir dans une ferme, les spécialistes des allergies utilisent aujourd'hui d'autres mesures de prévention comme par exemple "d'exposer artificiellement les gens à des bactéries qui seraient protectrices par rapport aux allergies".

Eviter de surréagir

Pour Philippe Eigenmann, les mesures drastiques d'interdiction de fruits à coques dans les écoles ou les avions ne sont pas toujours nécessaires. "Je pense que le plus important est d'adapter les mesures au cas de l'enfant pour éviter de surréagir. L'enfant doit pouvoir vivre le plus naturellement possible."

>> L'entretien avec Philippe Eigenmann, pédiatre allergologue (HUG) :

Interdiction des noix en Suisse alémanique: entretien avec Philippe Eigenmann, pédiatre allergologue (HUG)
Allergies: entretien avec Philippe Eigenmann, pédiatre allergologue (HUG) / 19h30 / 2 min. / le 10 août 2016

cab/ctr

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Des allergies qui augmentent

L'allergie est une réaction excessive du système immunitaire lorsque l'organisme est mis en contact avec une substance (pollens, acariens, animaux, aliments, médicament...) identifiée à tort comme dangereuse.

Cette maladie liée à une prédisposition génétique et à plusieurs facteurs environnementaux, peut survenir à n'importe quel âge.

De manière générale, les allergies ont fortement augmenté au cours des dernières années et décennies. Des normes d’hygiène élevées sont en partie responsables. Beaucoup moins sollicité par ses agresseurs naturels (qui incluent des bactéries et virus inoffensifs), le système immunitaire ne sait plus différencier les substances dangereuses et bénignes.

Des maisons et lieux de travail toujours mieux isolés et donc moins ventilés sont aussi montrés du doigt par les allergologues concernant les maladies respiratoires.

L'industrialisation de l'alimentation, avec les manipulations qui y sont liées, peut aussi jouer un rôle.

Le choc anaphylactique

Le terme anaphylaxie ou choc anaphylactique désigne les réactions allergiques inattendues, subites et graves, avec chute de tension, collapsus, perte de conscience et choc, indique le Centre d'Allergie Suisse

Les enfants réagissent le plus fréquemment à des aliments (par ex. cacahuètes, noix, poisson, œufs, lait). Mais des piqûres d'insectes (abeilles, guêpes) et des médicaments peuvent être en cause.

Chez les adultes, les cas les plus fréquents surviennent après un contact avec du venin d'insectes. Viennent ensuite les médicaments et les aliments.

Les premiers symptômes interviennent très rapidement et comprennent démangeaisons, gonflements, problèmes respiratoires, troubles intestinaux et vertiges.