En 2005, les Suisses ont voté pour une interdiction de cinq ans des OGM dans l'agriculture, qui a ensuite été étendue par le Parlement jusqu'en 2017. Et en juin de cette année, le gouvernement a proposé de l'étendre à 2021.
Mais selon une information de swissinfo.ch fin juillet et reprise par la Liberté jeudi, le moratoire helvétique sur les OGM n'empêche pas la Suisse d'exporter cette technologie dans d'autres pays.
Près de 5 millions de francs
Sous forme de fonds de développement, de l'argent des contribuables est utilisé pour financer la recherche de cultures transgéniques en Inde.
Un programme appelé Collaboration indo-suisse en biotechnologie (ISCB), financé par l'agence suisse de coopération (DDC) et administré par l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, soutient le développement de cultures transgéniques telles que le manioc et le pois chiche d'Angola. La quatrième phase (2013-16) du programme est dotée d'un budget suisse de 4,8 millions de francs.
cab avec Swissinfo
Le gouvernement se justifie
Le gouvernement suisse assure que le but du financement de ces collaborations scientifiques sur les OGM est "d'améliorer la sécurité alimentaire en Inde", selon Tilman Renz, porte-parole au Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). La sécurité alimentaire fait partie du mandat de la DDC. Et les biotechnologies vertes sont un outil légitime pour atteindre cet objectif, selon le porte-parole.
"Les recherches portant sur les cultures transgéniques ne sont pas inclues dans le moratoire sur les OGM en Suisse", ajoute Tilman Renz.
Organisations d'aide critiques
"Si la Suisse utilise l'argent public pour financer le développement des aliments génétiquement modifiés, ce n'est pas cohérent avec sa politique nationale. De plus, il n’existe aucune preuve que les semences génétiquement modifiées sont une solution valable pour lutter contre la faim et la malnutrition", critique Tina Goethe, de l’ONG suisse Pain pour le prochain.
Certaines ONG suisses comme Swissaid proposent des alternatives aux OGM par le transfert de savoir-faire.
"Nous avons eu de bons résultats avec nos projets d'agriculture biologique en Inde. Ils sont mieux adaptés au pays et plus résistants au changement climatique", explique Caroline Morel, directrice de l’ONG Swissaid.