Il faut savoir d'où vient cette initiative, rappelle lundi Géraldine Savary dans l'émission Forum. Les initiants - sous prétexte de défendre les droits des femmes - ont lancé cette initiative alors qu'ils ont fréquemment barré le chemin d'autres combats en faveur des femmes, estime la conseillère aux Etats vaudoise: "Ces personnes se sont toujours opposées au droit à l'avortement, à l'assurance maternité, aux crèches, à l'égalité salariale, au combat contre les violences domestiques… Bref, ce sont des faux amis, des amis dangereux. De ce point de vue, je ne peux pas soutenir cette initiative à ce niveau de la discussion."
Laisser les cantons gérer ces questions
Deux personnalités du PS - les conseillers d'Etat Pierre-Yves Maillard (VD) et Mario Fehr (ZH) - ont pourtant récemment annoncé qu'ils ne combattraient pas l'initiative pour interdire la burqa dans les lieux publics. Des positions commentées par Géraldine Savary de la manière suivante: "Si soutenir cette initiative c'est aller vers une société où les femmes sont mieux défendues, c'est clairement un chemin qui est faux et surtout dangeureux. Mais que des socialistes rappellent le sens de nos valeurs, ce qui nous lie aussi et que ce destin commun peut être rapidement mis en danger par une politisation des faits religieux, je pense que c’est bien de le rappeler, aussi à gauche."
"Quand le débat parlementaire commencera sur cette initiative - pour autant qu'elle soit déposée - je plaide pour que l'on ait une réflexion la tête froide, que l'on vérifie si l'on peut déposer un contre-projet, des propositions alternatives. J'en vois par exemple une, c'est d’offrir aux cantons la possibilité d’introduire ce type d’interdiction". La sénatrice évoque ainsi des réalités différentes rencontrées dans les cantons plaidant pour une "approche plus fédéraliste" sur cette question, qui plus est alors que les cantons sont compétents en matière de religion.
Genève en embuscade avec son projet de loi sur la laïcité
Cette position sur la compétence des cantons est d'ailleurs partagée par le conseiller d'Etat genevois Pierre Maudet, également invité dans l'émission Forum: "C'est ce que l'on a proposé à Genève", explique-t-il en faisant allusion au projet de loi sur la laïcité.
Un projet qui prévoit la possibilité de restreindre la liberté religieuse lorsque l'orde public est menacé, par exemple en limitant ou interdisant le port de signes ou vêtements religieux sur le domaine public.
"C'est exactement ce que l'on propose, mais on le propose de façon générique au terme d'un débat dans le canton. Et en rappelant qu'aujourd'hui la dérive principale en érigeant le droit à la différence comme le fait souvent la gauche, c'est qu'on en arrive à des différences de droits… Et c’est ce qui sape notre contrat social", complète Pierre Maudet.
"Le fait religieux doit rester un fait privé"
Une tolérance sans limite au sein du PS, comme l'a aussi décrite Pierre-Yves Maillard, que pondère Géraldine Savary. Un certain nombre de minorités sont intégrées grâce à la mobilisation du PS, explique-t-elle: "Je crois que l'on peut être fier de cela. Notre destin commun est construit par ces différentes cultures. Et si certaines valeurs communes risquent parfois d'entrer en contradiction, la Vaudoise enfonce le clou: "Le débat sur le voile intégral entre dans un rapport de force par des initiants qui souhaitent non pas défendre le droit des femmes, mais véritablement polariser."
La sénatrice rappelle enfin la position du Parti socialiste sur cet objet. La présidence du PS y est opposée. Mais elle considère aussi que le fait religieux doit rester un fait privé. Et que par exemple des signes ostensibles d'appartenance à une religion n'ont pas leur place dans l'administration ou certains espaces publics. Enfin La burqa et le niqab, qui sont des éléments ostensibles de religion, sont des "prisons vivantes" et "en contradiction avec l'égalité des femmes".
jzim