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"Certains apprentissages ne sont pas assez valorisés par les parents"

Jacques-André Maire
L'invité de la rédaction - Jacques-André Maire / Le Journal du matin / 15 min. / le 16 août 2016
Pour la troisième année consécutive, l'offre d'apprentissage dépasse la demande. Des milliers de places n'ont toujours pas trouvé preneurs. Pour le socialiste Jacques-André Maire, cette filière n'est pas assez valorisée.

Le système dual de formation professionnelle, envié de presque tous, devrait idéalement s'autoréguler: un grand nombre de places d'apprentissages devrait être proposé là où il y a beaucoup de besoins, et naturellement, un grand nombre de jeunes s'y dirigerait.

Cela ne fonctionne pas complètement, selon le conseiller national neuchâtelois Jacques-André Maire. Invité du Journal du matin, l'ancien chef du service cantonal de la formation professionnelle avance deux raisons principales.

Mauvaise répartition

D'une part, dans certaines régions, les employeurs n'ont pas encore le réflexe d'offrir suffisamment de places d'apprentissages. C'est encore le cas en Suisse romande, dans les domaines de la santé et du social, par exemple, où il y avait auparavant une forte culture de formation en école. Il y a également des manques dans les secteurs de l'informatique et du commerce.

En revanche, certains secteurs peinent à trouver des apprentis, notamment dans le bâtiment, où le manque est chronique. C'est aussi le cas dans l'agriculture, la restauration, ou les secteurs techniques. Cela soulève un gros problème pour la relève professionnelle, car dans les années à venir, des centaines de milliers de personnes partiront à la retraite. Le risque est élevé d'avoir une grave pénurie de personnel formé.

Grandes opportunités de carrières

Selon Jacques-André Maire, ces métiers souffrent en effet d'une mauvaise image, en particulier auprès des parents, mais aussi auprès des prescripteurs que sont les conseillers en orientation et les enseignants. Ces derniers connaissent beaucoup mieux les filières académiques et voient donc l'avantage de pouvoir oeuvrer dans ces domaines-là.

"Je pense que les parents jouent un rôle énorme. Nous devons mieux valoriser les possibilités de carrières. Aujourd'hui, il y a par exemple des opportunités extraordinaires dans les métiers du bâtiment. Nous sommes à la veille de remise de très nombreuses entreprises, avec l'arrivée des patrons à l'âge de la retraite. C'est une possibilité extraordinaire pour les jeunes de s'établir, de devenir indépendants, de développer des entreprises", affirme-t-il.

Pour le conseiller national, ces opportunités ne sont pas bien mises en avant, tant du point de vue médiatique que de la société, qui affiche plutôt les réussites par les voies académiques.

Métiers difficiles

Autre problème soulevé par le Neuchâtelois, celui des conditions de travail difficiles (salaire et horaire), notamment dans l'agriculture. "Peut-être que les milieux concernés devraient aussi se préoccuper de cela."

Si ces métiers ont toujours été durs, c'est peut-être la mentalité des jeunes qui a changé, estime-t-il. "Ils sont habitués à plus de confort, à une vie de loisirs plus développée. La conciliation est plus difficiles qu'auparavant."

fme

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