Depuis le drame de samedi dernier dans un train régional saint-gallois, la question du renforcement de la prévention dans les écoles se pose. Si les motifs du forcené sont toujours inconnus, son profil se précise. Cet Alémanique de 27 ans avait été victime de harcèlement dès ses débuts scolaires.
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Il louchait et tout le monde se moquait de lui. Il écrivait des lettres passionnées à toutes les filles qui lui plaisaient, mais aucune n’a jamais voulu sortir avec lui. Il a vécu l’exclusion durant une bonne partie de sa scolarité. Le forcené de Munich a aussi vu son enfance gâchée par les moqueries.
"On ne s'en débarrasse jamais"
Charlène Kobel a aussi connu cette mise à l'écart. "On me traitait de chialeuse. Une fois, ils ont mis une punaise sur ma chaise. Quand j'y repense, ça m'atteint encore un peu."
Dix ans plus tard, Charlène Kobel est écrivaine et anime un site de conseil aux personnes victimes de mobbing. Elle conserve toutefois des séquelles.
"Je pense qu'on ne s'en débarrasse jamais. Quand je suis rentrée dans la vie active, je me renfermais moi-même, parce que j'avais peur d'être jugée, d'être moquée. Ca reste tellement dans la tête qu'on se fait une coquille", explique-t-elle.
Amplifié sur les réseaux sociaux
Aujourd'hui, la situation est encore aggravée avec les réseaux sociaux. "On sait que c'est dans ces années que se construit l'estime de soi pour un jeune", relève Monique Ryf, responsable romande de l’association Pro Juventute, qui mène une campagne nationale contre le cyber-mobbing. "Pour un adolescent, être constamment écarté rend l'intégration plus difficile."
Les cantons et les écoles adoptent des programmes pour lutter contre ce phénomène. Mais ces efforts de prévention prennent du temps et restent lacunaires, regrette le psychologue Philippe Jaffé.
"Qu'on ne puisse pas monter des programmes pour tous les enfants dans toutes les écoles pour éviter qu'ils souffrent à ce point est dommage", affirme le directeur du centre interfacultaire en droits de l’enfant à l’Université de Genève.
Alain Arnaud/lgr
"On me traitait de chialeuse, c'est souvent toutes des petites images qui me reviennent de ce que j'ai vécu à l'école. Une fois, ils ont mis une punaise sur ma chaise, en fait, je revis toutes les humiliations et quand j'y repense, ça m'atteint encore un peu."
"Je pense qu'on ne s'en débarrasse vraiment jamais. Du coup, quand je suis rentrée dans la vie active, je me renfermais moi-même parce que j'avais peur d'être jugée, d'être moquée. Ca reste tellement dans la tête qu'on se fait une coquille."
"Ca ne s'arrête jamais pour les jeunes qui sont sur les réseaux sociaux, ils répercutent au fond ces pression jour et nuit quasiment. Ce qu'on sait c'est que c'est aussi ces années dans lesquelles se construit l'estime de soi pour un jeune, pour un adolescent c'est prendre confiance en soi et quand on est constamment écarté ou quand on appartient à aucun groupe et qu'on a pas pu développer les réseaux sociaux, les contacts sociaux avec les autres de manière traditionnelle c'est vrai que ça rend au fond l'intégration plus difficile."
"En effet l'islamisation il ne faut pas passer à côté, la djihadisation de certains jeunes paumés, mais c'est vrai que le harcèlement ordinaire c'est terrible à dire mais ce qui se passe tous les jours dans les écoles et pour lesquels il y a des centaines voir des milliers d'enfants en Suisse qui souffrent quotidiennement qu'on puisse pas monter des programmes pour tous les enfants dans toutes les écoles pour éviter qu'ils souffrent à ce point c'est quand même dommage."