Le conseiller fédéral Guy Parmelin a prévu de soumettre son choix à ses collègues de gouvernement, en principe le 7 septembre prochain. La commission de sélection - composée de représentants du Département de la défense, des cantons mais aussi du Parlement - lui a remis sa copie.
Les candidats à la succession d'André Blattmann ont subi un véritable parcours du combattant: examen des CV, auditions par la commission de sélection, entretien et échanges de vue approfondis avec le chef du Département… L'écrémage a duré tout l'été et il est désormais terminé.
Un Romand en tête de la course
Il ne reste plus qu'une poignée de papables et c'est un Romand qui est favori et qui pourrait recueillir les faveurs de Guy Parmelin, selon plusieurs sources qui ont suivi de près ce processus de sélection.
Il s'agit du divisionnaire Philippe Rebord, actuel commandant de la formation supérieure des cadres de l'armée à Lucerne. Ce Valaisan a déjà été nommé remplaçant du chef de l’armée au mois d'avril et il ne lui reste plus qu'une demi-marche à gravir pour atteindre le sommet de la hiérarchie militaire.
Mais tout n'est pas joué: un autre nom circule, celui de Daniel Baumgartner, qui vient d'être promu à la tête des Forces terrestres en avril dernier. Ces deux hauts-gradés ont un point commun: militaires de carrière, ils ont fait leurs armes au sein des Forces terrestres.
Les forces aériennes écartées
Et ce n'est pas un hasard si aucun représentant des Forces aériennes n'a été retenu sur le ticket final. Depuis sa création en 2003 - et si on fait abstraction de la brève parenthèse Roland Nef - le poste de chef de l'armée n'a jamais été occupé par un représentant des Forces terrestres. Christophe Keckeis était pilote et André Blattmann spécialiste de la lutte anti-aérienne.
Le tour des Forces terrestres est donc venu. "Le nouveau chef doit avoir les pieds sur terre", a confié un observateur du monde militaire à la RTS. D'autant que du côté des forces aériennes, l'éventuel papable Aldo Schellenberg est empêtré dans la polémique née autour de l'achat de missiles sol-air (affaire BODLUV). C'est sans doute le raisonnement que s'est fait Guy Parmelin.
L'âge pourrait faire la différence
Ce qui va départager Philippe Rebord et Daniel Baumgartner pourrait être leur âge. Le premier a 59 ans et le second a 54 ans. Mais, paradoxalement, ce n'est pas le plus jeune des deux qui a le plus de chances: la principale tâche du nouveau chef sera de mettre en oeuvre la réforme de l'armée DEVA, acceptée au Parlement ce printemps.
Cela prendra environ quatre ans. Une armée plus petite, qui quittera certaines casernes, va créer des déceptions, des jalousies. On attend du nouveau venu qu'il fasse "le sale boulot" et qu'il s'en aille ensuite.
Or Philippe Rebord arrivera à la retraite exactement au terme de cette mise en œuvre et s'en ira naturellement. Son concurrent Daniel Baumgartner, en revanche, pourrait vouloir s'accrocher à ce poste. Mais au sein de l'armée on ne veut pas revivre l'expérience Blattmann, qui est en place depuis bientôt huit ans.
Un cadre salué pour sa gouvernance
Philippe Rebord est du reste très apprécié au sein de l'armée. La formation supérieure des cadres, organe qu'il dirige actuellement, a aussi remporté un prix pour la meilleure gouvernance d’entreprise cette année. C'est un sacré atout, selon plusieurs sources.
Le Romand a donc clairement les faveurs de la cote. C'est Guy Parmelin et le Conseil fédéral in corpore qui auront le dernier mot.
Pietro Bugnon/oang