"A long terme, nous travaillons à stabiliser les tarifs et si possible à les baisser, mais pas aujourd'hui ou demain, parce qu'on doit faire différentes choses pour y arriver afin que les CFF restent concurrentiels", a expliqué Monika Ribar, interrogée dans le Journal du matin de La Première.
La présidente du conseil d'administration des CFF voit différentes solutions pour répondre à la surcharge aux heures de pointe. "Est-ce qu'on doit toujours fixer les meetings à 08h00, on peut le faire à 10h00, comme ça les gens peuvent prendre un train plus tard". Elle évoque aussi une augmentation de la capacité: "ça sera le cas avec les nouveaux trains."
En attendant, la Thurgovienne de 57 ans relève que l'idée de taxer les voyageurs aux heures de pointe existe déjà. "On le fait déjà un peu, puisque vous pouvez acheter des billets beaucoup moins cher la journée que le matin ou le soir, pas pour punir ceux qui prennent le train souvent, mais pour essayer d'équilibrer un peu l'usage du système pendant la journée."
La libéralisation pas une solution
Celle qui a dirigé durant sept ans le géant du fret et de la logistique Panalpina et qui a travaillé durant 25 ans dans le secteur privé n'écarte pas l'idée d'une restructuration de l'ancienne régie fédérale. "Aujourd'hui dans toutes les entreprises, pas seulement aux CFF, on est toujours un peu en train de restructurer les choses, parce que l'environnement change très vite."
En revanche, Monika Ribar ne pense pas que la libéralisation est la réponse adéquate à l'échelle de la Suisse, le réseau ayant une dimension insuffisante. "Notre concurrent c'est la route. Au niveau régional, il y a différentes entreprises et c'est très bien, les passagers peuvent faire différentes expériences. Mais pour le trafic grande ligne, la Suisse n'est pas très grande, ça aurait de grands désavantages."
"Le train, le coeur de notre mobilité publique"
Les CFF mettent désormais la priorité sur la stratégie ferroviaire Horizon 2030 qui impliquera de nouvelles infrastructures. Celle qui a été classée il y a quelques années par le Financial Times dans le top 50 des femmes d'affaires les plus influentes au monde est convaincue que la Suisse n'investit pas trop dans le rail.
"Beaucoup de choses vont changer, le monde et la mobilité évoluent, on doit avoir un plan, mais on doit aussi toujours voir ce qui se passe pour ne pas avoir des investissements d'infrastructures qui peut-être ne sont plus nécessaires." Le train devient-il une technologie du passé? "Oh non pas du tout! Nous croyons au train. Je suis convaincue que ça va toujours être le coeur de notre mobilité publique en Suisse."
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Stéphane Deleury/lgr
"Des salaires justes"
Après le refus de l'initiative "en faveur du service public" balayée dans les urnes en juin dernier, Monika Ribar ne fait pas de mystère sur sa rémunération de 280'000 francs par année, "c'est un chiffre public".
Un salaire inférieur à celui des conseillers fédéraux, mais loin de celui du patron des CFF, Andreas Meyer qui perçoit plus d'un million par an.
"Je suis convaincue que nos salaires sont justes. Nous vivons dans un environnement en Suisse ou les salaires sont hauts et pour faire marcher le système, nous avons besoin de gens le plus qualifié possible et je pense qu'on doit payer pour ça."