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De plus en plus d'EMS font face à un manque de résidents

Le canton de Neuchâtel veut améliorer la prise en charge des personnes âgées (photo d'illustration). [Salvatore Di Nolfi]
Des EMS font face à un manque de résidants / InterCités / 8 min. / le 8 septembre 2016
Fini les longs mois d'attente pour obtenir une place en EMS. Désormais, certains établissements, surtout alémaniques, ont trop de lits vides, car les seniors restent aussi longtemps que possible à la maison.

Ce changement de tendance est perceptible dans les cantons de Berne, Thurgovie, Lucerne et Zurich. Dans le canton de Fribourg, cette évolution est moins marquée, mais on constate que les listes d'attente sont de moins en moins longues.

Pour René Thomet, président de l'Association fribourgeoise des institutions pour personnes âgées, interrogé dans le Journal du matin de la RTS, les soins à domicile ont davantage de possibilités. "On commence à coordonner les aides à domicile avec des intervenants de différents organismes, tels que Pro Senectute ou la Croix-Rouge."

L'une des conséquences est la durée moyenne des séjours en EMS, d'environ deux ans, plus courte qu'auparavant. Les personnes qui entrent dans ces institutions seraient aujourd'hui plus âgées et plus malades.

Tendance non palpable en Suisse romande

Dans le reste de la Suisse romande, cette tendance n'est pas encore palpable. Les taux d'occupation sont toujours élevés, oscillant entre 97 et 99%.

Cette différence s'explique, selon le directeur de Pro Senectute Vaud Tristan Gratier, par les politiques publiques, qui ont beaucoup misé sur les soins à domicile. "Il y a eu des moratoires sur la construction d'établissements médico-sociaux. Un certain retard a donc été pris dans l'offre en hébergement. Aujourd'hui, il s'agit de combler ce retard, non pas en construisant beaucoup d'établissements, mais surtout en rénovant et en construisant des chambres à un lit."

Des offres intermédiaires

La génération des babyboomeurs qui arrivent à la retraite voudront davantage garder leur indépendance. On s'orienterait donc, dans les prochaines années, vers des soins à la carte, comme l'explique Jerôme Cosandey, directeur de recherche à Avenir Suisse: "Pour des patients qui ont besoin de moins de 60 minutes de soins par jour, une solution à domicile est la plus adéquate. C'est aussi la solution la plus économique. Si ça dépasse cette limite-là, un traitement en EMS est économiquement plus intéressant."

Entre les deux, Jérôme Cosandey explique que de nouvelles formules se développent, comme les structures d'accueil de jour ou les appartements protégés. "Ce sont des offres intermédiaires, qui permettent d'avoir un contenu diversifié dans l'offre de soins aux personnes âgées."

Le défi pour les années à venir sera donc d'adapter les structures d'accueil aux besoins des futures personnes âgées.

fme

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Combiner les soins en EMS et à domicile

A travers deux exemple concrets, Camille-Angelo Aglione, secrétaire romand de Curaviva, explique au Journal du Matin de la RTS, que les soins à domicile aussi bien que les EMS devraient être plus flexibles:

Une octogénaire habitant aux Ponts-de-Martel, une commune neuchâteloise à une vingtaine de minutes du Locle, vient d'être opérée de la cataracte. Pour lui mettre des gouttes dans les yeux deux fois par jour, les soins à domicile vont effectuer environ 80 minutes de transports quotidiennement depuis Le Locle, alors que cette dame habite à côté d'un EMS, où de nombreuses personnes seraient capables de l'aider.

Recevoir plus de soins à domicile

Mais l'éloignement ne fait pas tout. Inversement, Camille-Angelo Aglione prend l'exemple d'un autre retraité habitant en ville, dans un appartement protégé. Son état de santé se dégrade, les soins deviennent plus fréquents. Et au-delà de 60 minutes de soins par jour, il faut rentrer en EMS. "Le pauvre a passé les quatre dernières semaines de sa vie en urgence, dans un hôpital. N'aurait-il pas eu meilleur temps de rester dans un appartement protégé, dans lequel il aurait pu recevoir des soins jusqu'à plus que 60 minutes par jour?", s'interroge le secrétaire de Curaviva.

Selon lui, tant les EMS que les soins à domicile devraient être plus fluides. "On peut aussi imaginer que les soins à domicile interviennent dans certaines petites structures de type EMS. Et à l'inverse, que des EMS interviennent dans les soins à domicile. Il faut vraiment combiner les deux."