Passer ses vacances sur des alpages, dans des mazots transformés en résidences secondaires, bientôt possible dans les Grisons? Le Grand conseil grison a adopté récemment une initiative cantonale pour demander à la Confédération d’assouplir la loi sur l’aménagement du territoire.
Faciliter la rénovation des mayens et des raccards, l'idée a aussi séduit les députés valaisans, qui ont largement adopté une résolution pareille à celle de leurs voisins grisons. Mais les défenseurs du paysage et du patrimoine crient à la violation de la Lex Weber.
Sauver un patrimoine en danger
Avec la Lex Weber, les temps sont durs pour ceux qui veulent construire dans ces communes alpines ayant dépassé le quota de résidences secondaires. Alors faisons-les hors des zones à bâtir, en transformant ces milliers de mayens et raccards à l’abandon, estiment les partisans de l'idée.
Grégory Logean, député UDC au Grand conseil valaisan et auteur de la résolution, confirme par ailleurs qu'on parle bien de résidences secondaires.
"C'est difficile d'en faire des habitats à l'année, s'agissant souvent de raccards dans des zones reculées. Mais l'intérêt général veut que l''on permette cette rénovation, sinon personne n'investira l'argent nécessaire à leur conservation", affirme le député. Et de préciser que l'objectif est avant tout de maintenir un patrimoine actuellement en danger.
Lex Weber vidée de sa substance?
Mais les rénover, c'est dénaturer le paysage, et c'est contraire à la Lex Weber, selon Roman Hapka, directeur suppléant de la fondation suisse pour la protection et l’aménagement du paysage.
"C'est un des éléments clés de la Lex Weber. Ca nous pose problème, et c'est à se demander si nous n'allons pas lancer un référendum. On est en train de vider la Lex Weber de sa matière", avertit-il.
La section valaisanne de Patrimoine suisse n'est pas foncièrement opposée au principe, pour autant que les rénovations se fassent dans les règles de l'art et la concertation. Son homologue grisonne est beaucoup plus critique. Selon elle, transformer les mazots en maisons de vacances, c’est tuer l’attrait touristique de nos alpages.
Alain Arnaud/kkub