Lors de ses travaux mardi, la commission de politique de sécurité du Conseil national a écarté deux modèles allant dans le sens d'une astreinte des femmes au service militaire - notamment le modèle norvégien.
Les commissaires examinent d'éventuelles réformes de l'obligation de servir, avec une préoccupation principale: que l'armée puisse obtenir ses 18'000 recrues formées nécessaires pour remplir ses missions.
Menace sur les effectifs de l'armée
Or depuis l'an passé ce n'est plus le cas: il manque environ 500 recrues formées pour atteindre le seuil réglementaire. Le nouveau chef de l'armée Philippe Rebord, à peine nommé, affiche déjà la couleur. "Si le service civil continuait à être aussi attractif, on ne pourrait plus garantir l'alimentation (en hommes) de l'armée", assure-t-il. "Et à partir de ce moment-là, le système développement de l'armée (ndlr: DEVA, projet de réforme sorti des chambres) doit être remis en question et doit déjà être réadapté."
L'UDC a déjà proposé des mesures pour réduire l'attractivité du service civil: faire dormir les civilistes en caserne, les faire travailler le week-end et rapatrier l'institution dans le giron du Département fédéral de la défense (DDPS).
Attachée au service civil, la conseillère nationale verte genevoise Lisa Mazzone balaie ces propositions. "Je trouve un peu absurde", dit-elle, "d'aller taper sur une institution qui fonctionne - le service civil - plutôt que de se demander comment on peut rendre l'armée plus attractive."
Diminuer le nombre de personnes inaptes
Ce discours est partagé par le PLR genevois Hugues Hiltpold, qui propose aussi d'être moins tolérants avec les certificats médicaux: "40% des personnes considérées comme inaptes le sont pour des troubles psychologiques au sens large", fait-il remarquer. "Je pense que là-dedans, il y a quand même beaucoup de personnes qui peuvent offrir de leur temps à la collectivité."
Autre idée pour inciter les jeunes à s'engager dans l'armée: augmenter la taxe d'exemption de l'obligation de servir. "C'est vrai que si aujourd'hui vous payez 3% mais que demain c'est 4 ou 5%, cela permettra de faire réfléchir davantage les personnes concernées, ce n'est pas négligeable non plus", poursuit Hugues Hiltpold
La Commission va poursuivre ses discussions sur l'obligation de servir. A voir quelle levier elle actionnera finalement pour assurer la formation des 18'000 recrues dont l'armée a besoin.
Stéphane Deleury/oang