Les coûts du débranchement des centrales nucléaires ne cessent de croître, selon les partisans de la sortie de l'atome. Il faudra payer 20,6 milliards de francs pour désaffecter les centrales nucléaires, projetait swissnuclear, le lobby des exploitants de centrales, dans sa dernière étude des coûts publiée en 2011.
Sur ce montant, environ 16 milliards serviraient à financer la gestion des déchets radioactifs. Ces chiffres étaient déjà 10% plus élevés que ceux du rapport précédent, qui date de 2006.
Les nouvelles estimations sont prévues "pour décembre 2016 au plus tôt", confirme Max Zulliger, directeur des fonds de gestion des déchets radioactifs et du fonds de désaffectation pour les installations nucléaires (Stenfo).
D'aucuns dénoncent le fait que ces estimations tomberont après la votation. Pour certains, au vu de la hausse probable des coûts du nucléaire, Berne veut éviter de donner des arguments aux initiants. "Ces critiques sont injustifiées", assure Max Zulliger. "Le Stenfo gère les commandes pour ces examens périodiques et l'Office fédéral de l'énergie (OFEN) n'a aucune influence sur la publication."
Une étude contestée
La dernière étude publiée avait par ailleurs été contestée. La Fondation suisse de l'énergie avait assuré que les coûts seraient cinq fois plus élevés. Pour déconstruire les cinq centrales suisses, il faudrait compter au moins 5 milliards, alors que dans l'étude, on n'atteint même pas 3 milliards. De son côté, l'Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN) avait estimé l'étude "réaliste".
L'OFEN mandate swissnuclear pour faire ces évaluations. Les chiffres publiés en 2011 démontrent déjà que mettre une centrale nucléaire à la retraite coûtera beaucoup plus cher qu'initialement prévu, avaient alors relevé les partisans d'une énergie durable.
Du côté de l'Union européenne (UE), on estime qu'il faudra des investissements de plus de 250 milliards d'euros (273 milliards de francs) pour fermer les centrales en fin de vie de l'UE d'ici 2050. La Commission européenne chiffre à 123 milliards d'euros les fonds nécessaires pour le démantèlement et à 130 milliards ceux destinés à gérer les déchets. Le montant a progressé de 47% en huit ans.
ats/fme
Le coût de l'indemnisation les exploitants se chiffre en milliards
La cherté d'un débranchement prématuré des centrales helvétiques constitue un argument aux yeux des opposants à la sortie du nucléaire. Ces derniers font référence à l'indemnisation des exploitants pour les investissements qui ne seront plus amortis. Axpo chiffre ces frais, pour les seules centrales de Beznau et Leibstadt, entre 1,5 et 2 milliards de francs.
Les défenseurs de la sortie de l'atome rappellent toutefois que la mise hors-service des installations après une durée de vie de 40 ans a été évoquée pour la première fois en 1995. Leibstadt, la plus jeune centrale, devait selon ces plans fermer en 2024, soit cinq ans avant la date prévue aujourd'hui en cas de "oui" à l'initiative. Les exploitants ne peuvent donc dire qu'ils n'ont pas pu prévoir le coup.
Deux cas d'indemnisation d'exploitants
Deux exploitants ont déjà été indemnisés dans les années 80 et 90. La Confédération a versé 350 millions de francs à l'exploitant de la centrale de Kaiseraugst (AG) pour les investissements qu'il avait déjà réalisés. Son projet, approuvé en 1985, avait été stoppé après Tchernobyl.
Berne a aussi dû débourser 227 millions en 1996 pour n'avoir pas accordé l'autorisation cadre à l'exploitant de la centrale de Graben (BE).