"Ce n'est pas un petit voyage d'une semaine à la Silicon Valley, qui plus est avec des deniers publics, qui va changer grand chose au niveau de la connaissance technologique des politiciens", a lancé Daniel Borel, cofondateur de la société vaudoise Logitech qui fête ses 35 ans cette année.
"Il est urgent de relever et de remédier au fait que les CV de nos politiciens à Berne ne contiennent aucune expérience dans le domaine technologique. C'est grave!", poursuit l'ingénieur de 66 ans, qui avait récemment plaidé pour un huitième conseiller fédéral en charge du numérique.
On s'occupe trop des malades et on oublie les bien portants, mais c'est le futur du pays. Il faut quelqu'un à Berne pour la technologie.
Ce que craint le plus Daniel Borel, c'est que la Suisse se repose sur ses lauriers et rate des opportunités. "On ne se donne pas tous les moyens pour en être", commente-t-il en donnant pour exemple des sociétés basées sur les nouvelles technologies telles que AirBnb ou WhatsApp.
"Le soutien aux écoles polytechniques et aux universités, c'est un investissement pour notre futur, pas une dépense", rappelle encore celui qui préside notamment le comité stratégique de l'EPFL.
Miser sur les programmes scolaires
Daniel Borel a aussi argumenté pour des programmes scolaires qui intégrent mieux l'informatique, le codage et les nouvelles technologies. "C'est le tissu social qui fait que les gens sont intéressés par certains métiers. On manque d'informaticiens depuis de nombreuses années en Suisse mais le phénomène perdure parce que la culture du pays ne change pas", a-t-il expliqué.
Comme le dit un proverbe chinois, le poisson meurt d'abord par la tête. Si nos politiciens ne se soucient pas des nouvelles technologies, le corps, notre société en mourra aussi.
Et le pire danger, c'est de "fermer les frontières, on est aujourd'hui dans un monde ouvert", note encore Daniel Borel. "On voit bien l'importance pour la Suisse de pouvoir rester dans le programme Horizon 2020".
L'ingénieur s'inquiète donc du "danger Trump" qui pourrait provoquer une fuite des cerveaux des Etats-Unis en cas d'élection. Mais Daniel Borel ne semble pas croire à sa victoire. Selon lui, le problème reste toutefois le manque de confiance total de la population dans des figures politiques.
"A mon avis, les gens voteront contre Trump, mais pas vraiment pour Clinton. Par contre, Hillary Clinton aussi pourrait prendre quelques cours côtés technologies avec ses e-mails", a-t-il conclu en plaisantant.
sbad