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Les délégués parlementaires se disent "inquiets" après leur séjour en Turquie

Christian Levrat: "Nous sommes très inquiets, c'est peu de le dire"
Christian Levrat: "Nous sommes très inquiets, c'est peu de le dire" / L'actu en vidéo / 52 sec. / le 4 novembre 2016
Une délégation parlementaire suisse a achevé vendredi un voyage de cinq jours en Turquie sur un bilan d'"inquiétude certaine" quant à l'évolution de la démocratie dans ce pays.

Pour le président de la délégation Christian Levrat (PS/FR), il faut maintenir "à tout prix" le dialogue avec Ankara, sans se faire toutefois trop d'illusions. "Les discussions ont été serrées, mais ouvertes. Tous nos interlocuteurs ont compris que la Turquie est à un tournant. Le gouvernement essaie de l'éloigner des valeurs communes à toute l'Europe, telles que le respect de l'état de droit, l'indépendance de la justice et la liberté de la presse", a-t-il déclaré.

La délégation de la commission de politique extérieure du Conseil des Etats a notamment rencontré des parlementaires, des représentants des quatre principaux partis politiques (l'AKP du président Recep Tayyip Erdogan, le social-démocrate CHP, le nationaliste MHP et le parti de gauche pro-kurde HDP), des ONG, ainsi que des militants et avocats des droits humains.

Contexte "extrêmement tendu"

"Notre visite s'est déroulée dans un contexte extrêmement tendu", a résumé Christian Levrat, avec en arrière-fond l'arrestation de dirigeants et députés pro kurdes, de journalistes du quotidien Cumhuriyet, la suspension de 10'000 enseignants et le projet de réintroduire la peine de mort dans le pays.

>> Lire sur ce sujet : Douze députés du parti prokurde HDP arrêtés en Turquie

"Lorsque notre visite a été décidée en janvier, elle devait être consacrée essentiellement à la question migratoire et au rôle de la Turquie au Proche-Orient", a-t-il relevé. Finalement, le respect de l'état de droit, les droits humains et la liberté de la presse ont été les principaux sujets abordés.

Besoin de la Turquie pour limiter la migration

"Il est illusoire de penser que les choses puissent être inversées dans le cadre de ces discussions", a reconnu le socialiste fribourgeois. "Le coeur de la mission était surtout de mieux comprendre ce qui se passe".

"On nous a régulièrement reproché que l'Europe avait été assez tolérante sur les règles démocratiques car elle avait besoin de la Turquie" dans le domaine migratoire, a-t-il aussi relevé.

Christian Levrat repart du pays convaincu qu'il faut maintenir le dialogue, sans toutefois se faire trop d'illusions, "rester vigilants" sur ce qui se passe et être "clairs sur les lignes rouges", comme la peine de mort.

ats/fme

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Suspension de la collaboration exigée

Le Parti socialiste suisse a réclamé la libération des politiciens arrêtés jeudi. Il a demandé au Conseil fédéral de s'engager dans ce sens par la voie diplomatique, de suspendre la collaboration de la Suisse avec les services secrets turcs "aussi longtemps que les droits humains ne seront pas garantis", et de cesser toute exportation de matériel de guerre et de munitions vers ce pays.