Cette proposition, qui fait son chemin au Conseil des Etats, prévoit toute une série de mesures imposées aux employeurs en cas de chômage élevé: obligation de transmettre les offres d'emplois, obligation de convoquer les candidats proposés par les cantons, obligation de justifier un non-engagement. Et si les entreprises ne jouaient pas le jeu, elles seraient amendées.
Les milieux patronaux, inquiets, dénoncent des lourdeurs bureaucratiques. Mais des critiques se font jour aussi de la part des administrations censées faire respecter ces directives.
Un nouveau rôle attribué aux offices de placement
"C'est une fausse bonne idée", confie hors micro un responsable cantonal de l'emploi. Selon lui, le modèle de Philipp Müller modifierait fondamentalement l'image que les employeurs se font des Offices régionaux de placement (ORP). Ces structures seraient amenées à assumer un nouveau rôle: en plus de placer des demandeurs d'emplois, elles devraient sanctionner les patrons mauvais joueurs.
On craint donc que cette proposition de mise en oeuvre ne brise le rapport de confiance établi depuis 20 ans entre l'Etat et les entreprises.
Menace de surcharge des administrations
Très concrètement, les administrations redoutent aussi d'être débordées. "Cela nécessitera plus de ressources humaines", estimait jeudi dans la presse le président de l'Association des offices suisses du travail (AOST). Cela entraînera aussi plus de recours des employeurs, selon lui. "Cela va prendre du temps à des gens qui ont l'habitude de conseiller des chômeurs", ajoute un autre chef d'office.
Bref, les administrations ne veulent pas jouer au chien de garde alors que les employeurs craignent d'être mis sous pression. La solution de mise en oeuvre imaginée par Philipp Müller déplaît a pourtant déjà passé le cap d'une commission du Parlement.
Pietro Bugnon/oang
La réplique de Philipp Müller
Notre proposition concerne 13'000 personnes alors qu'un million de personnes changent d'emploi chaque année en Suisse, tient à préciser d'emblée Philipp Müller.
L'ancien président du PLR se veut surtout rassurant pour les patrons: "Il n'y aura jamais 40'000 francs d'amende pour une entreprise qui ferait quelque chose de faux - sauf si elle fait exprès, plusieurs fois", assure-t-il.
Même garantie sur la difficulté pour une entreprise de justifier pourquoi on n'engage pas quelqu'un: "Chaque entreprise a toujours le droit de dire non, et de dire pourquoi. Ce n'est pas quelque chose qui va être sanctionné."
Un patron ne doit pas recevoir dix personnes pour un poste mais deux-trois, pas plus, précise encore Philipp Müller.
>> Ecouter l'interview de Philipp Müller dans le Journal du matin: