L'étude réalisée par la station ornithologique de Sempach (LU) sur mandat de la Confédération s'est déroulée en 2015 au pied des trois éoliennes du Peuchapatte (JU) à 1100 mètres d'altitude.
Les chercheurs ont relevé durant 85 jours toutes les victimes sur un périmètre de 100 mètres. Parallèlement, un radar a mesuré l'intensité de la migration en continu de janvier à novembre.
Résultat: l'évaluation prenant en compte plusieurs facteurs de correction donne pour les trois éoliennes un total médian de 62 victimes par année. Cela correspond à un nombre de collisions médian de 20,7 oiseaux tués par éolienne par année, indique lundi Berne.
Près de 1000 oiseaux courent un risque théorique
Les chercheurs précisent que cette valeur médiane ne doit pas faire oublier qu'il y a une probabilité de 50% qu'il y ait un nombre de collisions supérieur à 20,7. Pour le minimum de 14,3 victimes par installation, cette probabilité se monte à 97%, et pour la valeur maximale de 29,6, elle est de 2,3%.
Les mesures radar montrent qu'au cours de la période d'étude, près de 1000 oiseaux pouvaient théoriquement courir un risque de collision au-dessus de 30 mètres de hauteur. Compte tenu du nombre de victimes recensées, le taux est de 2% d'oiseaux accidentés et de 98% d'évitement.
De nombreux oiseaux migrateurs dans le Jura
La région étudiée, dans le Jura suisse, voit passer beaucoup d'oiseaux migrateurs. La médiane de 20,7 victimes est plus élevée que la valeur envisagée pour une possible restriction d'exploitation des éoliennes, soit 10 victimes par éolienne et par année, relèvent les chercheurs.
Les victimes de collision sont avant tout des petites espèces migrant la nuit, dont les roitelets, la plus petite espèce européenne. Il y a aussi des grives, des martinets et des colverts. Contrairement aux constatations faites en Europe, il y a peu de gros oiseaux qui sont concernés.
Les collisions se produisent principalement pendant la période de migration au printemps et en automne. Mais les accidents ne sont pas toujours liés au nombre d'oiseaux qui passent. Les conditions de visibilité jouent aussi un rôle. Ce facteur devrait aussi être pris en compte pour d'éventuelles restrictions d'exploitations des éoliennes, note l'étude.
ats/tmun
Une étude non valable pour les Alpes et le Plateau
Les résultats de Peuchapatte devraient pouvoir être généralisés à des sites similaires. Mais ils ne sont pas applicables pour les Alpes et le Plateau. En outre, les chercheurs ignorent si les mesures sont applicables aux éoliennes plus grandes. Celles du parc éolien jurassien mesuraient 150 mètres de haut (rotor inclus).
Les chercheurs présument qu'en cas d'installations plus grandes, le taux de collision augmente. Ils ne savent pas non plus si l'échantillon relevé est représentatif du spectre des espèces concernées ou s'il est spécifique à l'année étudiée.