Le papier de position sur la "démocratie économique", soumis au congrès ce samedi, créait la controverse au sein de l'aile droite du PS depuis plusieurs semaines.
Ce texte préconise d'édicter une loi pour permettre la représentation des salariés dans les organes de décision des entreprises, de favoriser les coopératives d'habitations et l'achat de terrain par des collectivités publiques. Il prévoit en outre d'étendre le service public.
En tout, le papier contient 20 revendications, jugées trop à gauche par des poids lourds alémaniques du parti. Un groupe mené par les conseillers aux Etats Pascale Bruderer Wyss (AG) et Daniel Jositsch (ZH) demandait qu'il soit renvoyé.
"Jargon politicard"
Devant plus de 500 délégués rassemblés à Thoune, Pascale Bruderer a demandé que le papier de position soit revu de manière à mieux coller à l'ensemble du PS et pour qu'il soit mieux ancré dans la réalité.
Les défis que représente la numérisation doivent figurer en tête de liste de notre agenda, or ils ne sont pas mentionnés dans le papier, a quant à elle critiqué en vain la conseillère nationale bernoise Evi Allemann. Le texte est rédigé dans un jargon politicard qui date, a-t-elle poursuivi: "On peut faire mieux".
"Tourné vers l'avenir"
De nombreux intervenants sont ensuite montés à la tribune pour défendre la vision distillée dans le document. La politique de l'emplâtre sur une jambe de bois, menée jusqu'ici, ne suffit plus, a imagé la conseillère nationale zurichoise Mattea Meyer: "il ne suffit pas que l'Etat intervienne quand l'économie a des ratés".
Pour la Zurichoise, le papier de position met le doigt "sur la répartition inégale du pouvoir" au sein de l'économie. Il n'est pas "utopique", mais "courageux et tourné vers l'avenir".
Christian Levrat est également intervenu dans le débat. "La direction du parti veut davantage de démocratie dans l'économie: pas plus, pas moins".
Le trading de matières premières dans le viseur
La ministre de la justice Simonetta Sommaruga a de son côté relevé qu'environ 70% des personnes touchées par une pauvreté extrême vivent dans des pays riches en matières premières. Et que de nombreuses entreprises actives dans ce secteur ont leur siège en Suisse. Il faut regarder ces sociétés de plus près: "nous devons - et nous voulons - être une part de la solution et non du problème".
"Les gains de la globalisation ne sont pas répartis de façon équitable", a de son côté noté le conseiller fédéral Alain Berset. Au final, ce sont les populistes de droite qui en tirent profit, a-t-il mis en garde.
Si le débat fut houleux, le résultat a été clair. Tellement clair, que les voix n'ont pas été comptées. Mais le parti à la rose a encore du pain sur la planche.
ats/ptur
Feuille de route sur la politique européenne
Durant ce week-end à Thoune, le parti socialiste va aussi se pencher sur un des points de la "feuille de route" en matière de politique européenne, adoptée à la Chaux-de-Fonds (NE) au printemps. Elle définit la manière dont la Suisse doit entrevoir ses relations à long terme avec l'Europe.
Cette "feuille de route" lance l'idée d'un "EEE 2.0", un accord multilatéral qui se situerait entre les bilatérales et l'adhésion à l'Union européenne. Pour le PS, l'Europe est un thème incontournable cette année avec la mise en oeuvre de l'initiative contre l'immigration de masse.
Objets de discussions
Les délégués du PS prendront position sur les trois objets soumis en votations fédérales le 12 février 2017: la réforme de l'imposition des entreprises (RIE III), le fonds pour les routes et le trafic d'agglomération (FORTA) et la naturalisation facilitée pour la 3e génération.
Les délégués se prononceront enfin sur une réforme pour que le PS reste un parti formé de membres, capable de lancer une campagne. Une éventuelle participation financière plus importante des élus et des conseillers fédéraux sera à l'ordre du jour.