Alors que la Croix-Rouge organise mercredi une conférence sur cette problématique, l'organisation rappelle qu'en 2015, plus de 1000 personnes victimes de guerre, dont certaines ayant subi des tortures, ont été prises en charge en Suisse. "Il y a de plus en plus de personnes qui ont été victimes de mauvais traitements soit dans leur pays d'origine, soit durant le parcours migratoire", explique à la RTS Sophie Durieux-Paillard, responsable du programme Santé migrants aux Hôpitaux universitaires genevois.
On observe un manque de financement pour l'interprétariat
Les cinq centres spécialisés dans ce type d'accueil - à Lausanne, Genève, Berne, Zurich et Saint-Gall - font, en effet, face à une hausse constante du nombre de demandes. Maria Rio Benito, médecin à la consultation pour victimes de torture, chez Appartenances à Lausanne, relève plusieurs lacunes dans ces centres, notamment le manque de spécialistes.
"Il y a également le manque de financement pour l'interprétariat", précise-t-elle. Selon elle, ces coûts d'interprétariat devraient être pris en charge par l'Assurance de base (LAMal) et non par les collectivités publiques, comme c'est souvent le cas actuellement. "Ce n'est pas un ajout, c'est obligatoire pour que ces personnes soient entendues et comprises."
Formation en question
Au-delà de la question des moyens financiers, se pose la question de la formation des spécialistes. "Il y a une problématique de formation pour traiter une pathologie qui est vraiment compliquée. L'état post-traumatique est complexe et génère aussi beaucoup d'addictions", rapporte Sophie Durieux-Paillard.
Sur cette question, l'Office fédéral de la santé publique juge la situation insatisfaisante et planche sur des solutions d'ici le printemps prochain. De son côté, le Secrétariat d'Etat aux migrations verse un forfait de 100 francs par heure de thérapie traduite par un interprète communautaire. Un projet-pilote dont bénéficient 20 institutions publiques ou privées.
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Marc Menichini/hend