"Les éoliennes, c'est un dossier délicat, et le Département de la défense (DDPS) a souvent dû donner des préavis négatifs, notamment dans le canton de Vaud", a indiqué Bruno Locher, chef territoire et environnement au DDPS.
A cause des tensions sur ce sujet, l'armée prône maintenant "la transparence" et va publier l'étude que ses spécialistes ont réalisée. La recherche aboutit à des zones rouges et jaunes, les premières ayant un impact fortement négatif sur la cohabitation entre radars, avions de chasse et éoliennes, les secondes nettement moins.
Pour les radars militaires, la rotation des éoliennes représente notamment "une signature" difficile à interpréter avec certitude. Contrairement à ceux de Skyguide, ils doivent connaître aussi ce qui se passe au sol, dans des configurations très restreintes.
Vaud mécontent
Le canton de Vaud ne goûte guère la nouvelle étude du DDPS. Il la fera analyser de manière approfondie par ses services. A première vue, cela paraît "alarmant" pour la planification éolienne vaudoise, note le Département du territoire et de l'environnement.
Dans le 12h30 de la RTS, Jacqueline de Quattro a relevé les incohérences entre la volonté de mettre en oeuvre une stratégie 2050, le grand potentiel éolien vaudois et la régulation trop restrictive de l'armée.
"Il y avait cinq sites vaudois qui posaient problème mais aujourd'hui avec ce nouveau rapport, il y en a douze, on ne comprend plus", a affirmé la ministre en charge du Territoire et de l'Environnement.
Moitié du potentiel menacé
Si l'on suit la nouvelle étude du DDPS, "la moitié" de la planification vaudoise est touchée. Un quart du parc éolien de Provence, la moitié de Tous-Vents et l'intégralité de Vaudair sont à exclure. De la sorte, 112 GWh ne pourraient pas être produits, soit la consommation de 25'000 ménages.
Sept autres parcs éoliens doivent encore être analysés en détail, dont certains qui en sont déjà au stade des recours devant la justice. Le canton de Vaud mentionne EolJorat Nord, EolJorat Sud, Bottens (en arrêt), Chavanne-sur-Moudon (en arrêt), Grandsonnaz, Grandevent et Vuarrens.
"Au final, la moitié du potentiel vaudois menacé, soit l'approvisionnement de 300'000 ménages", a relevé Jacqueline de Quattro. "Je comprends les préoccupations sécuritaires de l'armée mais ce que je ne comprends pas, c'est qu'on ne puisse pas acquérir de nouveaux radars. A Amsterdam, lorsqu'on atterrit, on survole des champs d'éoliennes et il semble bien qu'il n'y ait aucun souci d'interférences".
sbad, avec ats
Fribourg aussi touché
Dans un communiqué, Suisse Eole exprime son mécontentement après la présentation de l'étude de l'armée. L'association relève que la planification éolienne fribourgeoise sera à réévaluer avec presque l'entier des secteurs dans des zones sujettes à réserves ou en zones d'exclusion. Neuchâtel et Berne sont aussi touchés.
Suisse Eole dénonce "un manque de coordination total". Cette étude "met en cause des sites en phase de développement avancé dont certains ont déjà reçu des préavis positifs du DDPS et de l'Office fédéral de l'aviation civile".