Datak est l’aboutissement de l’enquête participative "Donnez-moi mes données!", menée durant 18 mois par l'émission On en parle sur RTS La Première.
Le joueur se retrouve dans la peau d'un stagiaire, fraîchement engagé par le maire afin de gérer les réseaux sociaux pour la ville. Très vite, la nouvelle recrue est confrontée à plusieurs dilemmes du quotidien, non seulement dans sa vie privée, mais aussi pour la collectivité: accepter ou refuser le projet de caméra de surveillance dans les rues? Transmettre à des entreprises ou des partis politiques les coordonnées des citoyens?
>> Pour jouer: rts.ch/datak
Tous les grands thèmes de l'enquête d'On en parle, des réseaux sociaux à la surveillance étatique en passant par le commerce ou la santé sont mis en situation, le tout sanctionné par un impitoyable chronomètre.
A chaque dossier traité, le joueur a la possibilité d’accéder aux résultats des investigations de la RTS, notamment dans les émissions On en parle, 36.9, CQFD ou A bon entendeur, et à de nombreux conseils pratiques.
Plusieurs Youtubeurs romands ont également accepté d'illustrer les problématiques auxquelles le "stagiaire" est confronté.
Datak a été développé dans les studios DNA à Bulle et est soutenu par la plateforme Jeunes et médias de l'Office fédéral des assurances sociales (OFAS). Ce jeu interactif, disponible en français, allemand, italien et anglais, s'adresse aux 15 ans et plus et vise à sensibiliser aux enjeux du "big data", tant dans ses aspects positifs que dans ses dangers.
RTSinfo
"Il manque aux gens des outils pour gérer leurs données"
Julien Schekter, producteur d'On en parle, fait partie des concepteurs de Datak. Le jeu, et l'enquête qui lui a donné vie, ont passablement modifié son rapport aux données dans le quotidien.
RTSinfo.ch: Les Romands sont-ils trop peu précautionneux avec leurs données?
Julien Schekter: C'est surtout qu'il leur manque des outils, et c'est ce qu'on essaie de leur donner avec Datak. On devrait pouvoir s'inscrire à un service sur internet et être certain que nos données ne vont pas être vendues, partagées, exploitées... Or, actuellement, tout repose sur le consommateur: à nous de lire les conditions générales, d'être des juristes, des informaticiens... C'est la faute du système. La seule faute des gens, c'est de ne pas se réveiller et de ne pas transmettre le message aux politiques.
La préoccupation politique pour la protection des données est donc insuffisante?
Oui, car même quand des grandes sociétés, comme Swisscom, ne respectent pas la loi au sens du préposé à la protection des données, il ne se passe rien. On constate la situation, mais il n'y a pas de sanction. Les autorités de surveillance en Suisse ont encore trop peu de pouvoir.
Le "big data" apparaît comme intrusif, voire effrayant. Mais n'a-t-il pas aussi ses avantages?
Oui, clairement. A certains moments dans le jeu, lorsque l'on prend des décisions en faveur du "big data", on gagne des points, car il y a beaucoup de domaines comme la recherche ou les transports où il est très utile. Y compris pour le confort dans la vie quotidienne, par exemple lorsque l'on cherche une pizzeria et que notre moteur de recherche nous en propose une à côté de chez nous plutôt qu'une autre, qui a plus de clics sur son site, mais qui se trouve au Japon. Il faut juste que les choses soient transparentes et que l'on nous explique comment ces données sont collectées.
Datak est le fruit de 18 mois d'enquête. Vous qui vous y êtes plongé, avez-vous changé vos habitudes?
Oui! Dans l'équipe, l'état d'esprit a changé, nous sommes beaucoup plus vigilants, par exemple lorsque l'on remplit un concours. Mais, comme dans le jeu, on n'a pas toujours le temps ou les moyens de faire tout juste! Aujourd'hui, il est par exemple quasi impossible de lire toutes les conditions générales des applications de son smartphone. Et puis, cela ne veut pas dire pour autant qu'on n'a pas de carte de fidélité... mais on est au courant de la manière dont cela fonctionne. Ensuite, à chacun de se positionner.