"Que fait l’Inspection fédérale de sécurité nucléaire pour assurer notre sécurité?" C'est le titre de l'interpellation déposée mercredi par la conseillère nationale Adèle Thorens. La Vaudoise s'interroge après la volte-face de l'IFSN sur l'affaire du Creusot, le scandale des documents falsifiés qui secoue le nucléaire français (lire ci-dessous). Elle demande des assurances au Conseil fédéral.
Les doutes portent sur la qualité de l'acier des générateurs de vapeur provenant du Creusot, en France, et du Japon. Mardi, le gendarme du nucléaire a exigé des contrôles à Beznau 1, Beznau 2 et Gösgen. En août, il affirmait pourtant que les centrales suisses n'étaient pas concernées par cette affaire.
>> Lire : Les centrales de Beznau et Gösgen doivent contrôler des pièces suspectes
"L'IFSN n'a pas la maîtrise de ce qui se passe"
"Aujourd'hui, toutes les centrales ont des problèmes techniques. La situation est critique et, dans ce contexte, l'IFSN navigue à vue et se contredit à quelques mois de distance", s'inquiète Adèle Thorens.
"Nous sommes en droit d’avoir des explications de la part de l’IFSN. Je crois qu'elle n’a pas la maîtrise de ce qui se passe dans ses centrales", ajoute la Verte, qui rappelle que la France, confrontée au même problème, a arrêté de nombreux réacteurs pour procéder à des examens.
Pas d'arrêt
Du côté des exploitants, on se veut confiant. Aucun arrêt des réacteurs n'est prévu. A Gösgen, la société Kernkraftwerk Gösgen-Däniken mènera les contrôles demandés par l'IFSN mais souligne que les pièces de ses générateurs de vapeur viennent de fonderies allemandes.
Axpo, qui reconnaît que certaines pièces de Beznau proviennent du Creusot et du Japon, affirme toutefois qu'"aucun indice ne laisse craindre que les générateurs de vapeur soient concernés par des écarts inadmissibles dans les propriétés des matériaux".
Les exploitants devront livrer à l'IFSN l'étude des documents de fabrication des pièces concernées en avril 2017. Pour novembre 2017, ils devront présenter un concept de contrôle des pièces elles-mêmes. Il n'y aura donc pas d'arrêt prévu avant, au plus tôt, 2018.
Valentin Tombez et Pascal Jeannerat
L'affaire du Creusot en bref
Suite à la découverte en 2015 d'un défaut de fabrication dans une cuve forgée pour un futur réacteur à Flamanville, l'Autorité de sûreté nucléaire française (ASN) a déclenché une vaste campagne de contrôles.
Un audit a montré que Creusot Forge, l'entreprise française spécialisée dans la production de grandes pièces pour des réacteurs nucléaires et appartenant à Areva, a falsifié les contrôles de qualité de quelque 400 pièces depuis 1965.
Après cette découverte, l'ASN a entrepris une revue complète des dossiers de la forge du Creusot. Celle-ci devrait durer un à deux ans.