"La méritocratie reste relative en Suisse", selon une étude de la sociologue lausannoise Julie Falcon qui estime que l'ascenseur social ne fonctionne pas aussi bien que l'on pourrait penser. Si quatre personnes sur dix s'en sortent mieux que leurs parents, deux dégringolent et quatre autres restent au même niveau.
Les inégalités vont se creuser
Plus grave, l'enseignante à l'Université de Lausanne pense que les inégalités risquent de se creuser dans les prochaines années. La transformation de l'économie vers celle des services n'a pas augmenté la mobilité sociale, poursuit-elle. "L'accès à l'université s'est surtout ouvert aux personnes les plus favorisées, et le niveau d'études est devenu plus important pour atteindre la classe moyenne supérieure."
Les inégalités sociales semblent ainsi se reproduire génération après génération, selon ses recherches. Julie Falcon s'est appuyée sur les données de personnes nées entre 1908 et 1978, en compilant une vingtaine d'enquêtes.
ats/vkiss
Faiblesse des bourses
"Le système éducatif reste très sélectif, relève la sociologue. Et le système des bourses, par exemple, n'est pas très développé".
A un niveau de formation égal, les personnes issues de la classe moyenne supérieure se placent souvent mieux que celles venant d'autres couches sociales. Relativement atténuée par un passage par l'uni, cette injustice est plus forte si l'on emprunte les autres filières.
Même l'apprentissage, une voie plébiscitée en Suisse, ne permet pas toujours d'atteindre les sommets. "Celui-ci permet de trouver rapidement un emploi. Mais après on ne grimpe pas facilement dans l'échelle sociale. Et ceux qui y arrivent proviennent généralement d'une classe élevée", poursuit-elle.