Problèmes d’équipements, échec du Gripen, mais également soutien du peuple suisse, le bilan de l'armée ces dernières huit années est contrasté. André Blattmann estime lui qu'elle s'est améliorée depuis son passage: "Elle est en nettement meilleur état qu'il y a huit ans", a-t-il déclaré mercredi dans l'émission Forum. "Lorsque j'ai pris la tête de l'armée en août 2008, il y avait quelques doutes, notamment sur le plan du matériel, qui n'était pas suffisant pour les cours de répétition. Sans compter que l'attachement des jeunes à l'armée était réduit, or cette situation a bien changé", a-t-il estimé.
Il faut être prêt et les jeunes l'ont bien compris
Selon lui, c'est surtout la situation internationale qui a provoqué ces changements de mentalité au sein de la population: "La situation internationale est instable (...) Il y a ces attentats qu'ont connus plusieurs pays, mais également les guerres sanglantes au Proche-Orient et à l'est de l'Europe. Cela montre qu'il faut être prêt et les jeunes l'ont bien compris".
L'armée, "gage de sécurité"
Si l'armée observe un regain d'intérêt, le service civil connaît lui aussi un succès croissant auprès des jeunes. André Blattmann s'est d'ailleurs plaint à plusieurs reprises dans le passé que l'armée perdait des recrues à cause de cette alternative: "La question du service civil est une question politique et non militaire, a-t-il dit-mercredi. On ne peut pas remplacer la sécurité par quoi que ce soit (d'autre que l'armée)". Et de rappeler: "Le peuple a voté à 73% de maintenir l'obligation de servir en 2013".
Certes, le Parlement a accordé cinq milliards de francs annuels aux forces militaires, mais ne devrait-on pas davantage miser sur les polices cantonales, sur les services de renseignement, voire sur des forces spécialisées? "Oui, mais regardez nos voisins: les Français par exemple ont engagé des militaires pour protéger les installations et ont réinstallé l'armée de milice. Cela montre que nous sommes sur la bonne voie", a assuré André Blattmann.
Selon lui, les missions militaires ne doivent pas être conduites en pleine ville, mais dans des endroits plus sensibles et stratégiques: "Il y a des installations dont nous devons être à même de disposer. Dans le cas d'une situation à longue durée comme dans quelques pays, on serait obligé d'engager des soldats pour protéger ces infrastructures. Pas au milieu de la ville - car c'est le rôle de la police - mais en gare de Lausanne, par exemple, ou à l'aéroport de Genève".
"Il faut soigner les jeunes qui veulent s'engager"
Pour André Blattmann, l'armée du futur se doit d'être multifonctionnelle: "On a réduit les effectifs et on s'engage davantage dans la cyberdéfense (...) Contrairement à avant, où la menace considérée était surtout l'URSS, maintenant il y en a bien d'autres et il faut toute une palette pour y faire face et c'est ce que nous préparons".
Que retient-il de ses 33 ans passés au sein de l'armée? "J'ai appris que l'on peut compter sur nos soldats-citoyens. Il ne faut pas chercher sans cesse des solutions pour ceux qui ne veulent pas (s'engager dans l'armée), il faut soigner ceux qui font leur travail, car tôt ou tard nous aurons besoin d'eux".
hend