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Le géant suisse Novartis accumule les scandales de corruption

Soupçons de corruption pour la filiale grecque de Novartis
Soupçons de corruption pour la filiale grecque de Novartis / 19h30 / 3 min. / le 20 janvier 2017
Sous enquête en Grèce, le groupe pharmaceutique Novartis a été visé par des affaires de pots-de-vin dans de nombreux pays ces dernières années. Retour sur les principaux scandales qu'accumule la société bâloise.

Le Parquet grec a annoncé mercredi 4 janvier avoir lancé une vaste enquête qui touche Novartis. Le groupe pharmaceutique a confirmé à la RTS que ses locaux à Athènes ont été perquisitionnés le 21 décembre.

L'affaire a éclaté à la suite de révélations dans la presse grecque sur des pots-de-vin versés par l’entreprise entre 2006 et 2014 à des fonctionnaires et des médecins. Le but: augmenter le nombre de prescriptions ou obtenir des prix plus élevés. Des informations sont aussi venues des autorités américaines, qui enquêtent sur Novartis (lire ci-dessous).

"Il semble qu'une grande partie des fonctionnaires, médecins et pharmaciens qui travaillaient pour les hôpitaux publics ont été impliqués d’une manière ou d’une autre. Il y a une liste de paiements de Novartis qui concerne presque 4000 personnes", a précisé l’eurodéputé de Syriza Stelios Kouloglou, qui a déposé une question écrite auprès de la Commission européenne. Il estime par ailleurs que "la justice suisse devrait s'occuper de l’affaire Novartis".

Cette nouvelle affaire fait écho à d'autres enquêtes et condamnations visant le géant bâlois de la pharma à travers le monde.

Ministère turc de la santé soudoyé?

En Turquie, Novartis aurait versé des pots-de-vin pour plus de 80 millions de francs à des représentants du Ministère de la santé afin de "s'acquérir déloyalement une part de marché", selon la presse turque.

Le Parquet d'Ankara a annoncé en avril 2016 avoir ouvert une procédure contre la multinationale, qui rejette ces accusations. Dans la foulée, le Ministère de la santé a déclaré avoir mené sa propre enquête. Il dit n'avoir trouvé aucune irrégularité, mais poursuivre ses investigations. Depuis avril, le parquet n'a pour sa part jamais communiqué sur son enquête.

Novartis considère que cette affaire est "sans fondement" et "close". Le groupe affirme ne pas avoir été informé "de quelque procédure d'enquête que ce soit de la part des autorités".

Corruption de médecins et de revues coréens

En Corée du Sud, toujours en 2016, six hauts responsables de la filiale locale du groupe bâlois, y compris son président, ont été inculpés pour rabais non autorisés et corruption de médecins. Les enquêteurs ont évoqué la somme de 2,2 millions de francs.

Selon le Financial Times, le Parquet sud-coréen a demandé en août au gouvernement de suspendre l'activité du géant pharmaceutique dans le pays et de bannir ses produits. Novartis a reconnu les faits, mais rejette l'implication de la direction.

Entre 2011 et 2015, sa filiale sud-coréenne aurait également versé 15,5 millions de francs à des revues médicales, qui auraient ensuite reversé une partie du montant à des médecins pour qu'ils écrivent des articles ou participent à des séminaires autour de ses produits.

Amendes salées aux Etats-Unis

Aux Etats-Unis, les démêlés judiciaires sont fréquents pour Novartis. La dernière affaire remonte à mars 2016. Sans confirmer ou infirmer les accusations, la société bâloise a accepté de payer une amende de 25 millions de dollars. La justice américaine reprochait à la multinationale d'avoir soudoyé des professionnels de la santé en Chine, où les exportations de la pharma suisse ont explosé ces dernières années.

En 2015, le groupe a écopé d'une amende de 390 millions de dollars. Les enquêteurs américains l'accusaient d'avoir versé entre 2007 et 2012 des pots-de-vin, déguisés sous la forme de rabais, à des pharmacies pour favoriser les ventes de ses médicaments Exjade et Myfortic. Novartis, qui estimait avoir proposé des ristournes légales, a admis sa responsabilité.

Une autre affaire de pots-de-vin à des médecins est toujours en cours. Le Département de la justice accuse depuis 2013 la filiale américaine du groupe d'avoir offert des voyages récréatifs à des médecins et de les avoir rémunérés pour de "prétendues conférences".

La plus importante amende aux Etats-Unis remonte à septembre 2010. Le groupe suisse a accepté de payer 422,5 millions de dollars pour régler un litige concernant des accusations de marketing illégal et de pots-de-vin à des professionnels de la santé, portant notamment sur un traitement de l'épilepsie, le Trileptal.

Un mal répandu

Face à la multiplications des affaires, Novartis assure que "nous ne tolérons aucun comportement contraire à l’éthique. En même temps, nous savons qu'il existe des possibilités de manquement aux règles lorsqu'une entreprise mondiale compte près de 118'000 employés."

Et la société bâloise n'est pas le seul groupe pharmaceutique à être sanctionné pour corruption. L'an passé, rien qu'aux Etats-Unis, les laboratoires Teva, GSK, AstraZeneca et SciClone ont écopé d'amendes allant de 5 à 519 millions de dollars.

Valentin Tombez et Natalie Bougeard

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Ententes illégales et manipulation de données

Outre la corruption, d'autres affaires judiciaires ont terni l'image de la société bâloise. En Italie et en France, Novartis a été accusée d'entente illicite avec son concurrent Roche dans la commercialisation des traitements de certaines maladies de l'oeil (Avastin/Lucentis). Selon le gendarme transalpin de la concurrence, les laboratoires ont introduit une "différence artificielle" entre les deux produits pour favoriser le plus cher.

L'Italie a infligé en mars 2014 une amende de 219 millions de francs aux deux groupes. L'amende a été confirmée en décembre par la justice italienne, mais les laboratoires ont fait appel. Le ministère de la Santé italien a lui déclaré qu'il voulait obtenir des laboratoires plus d'un milliard en dommages et intérêts.

L'Autorité française de la concurrence a quant à elle ouvert une enquête en 2014. Celle-ci devrait encore être en cours, puisque les autorités françaises n'ont pas encore rendu de décision.

Autre continent, autre scandale. Au Japon, Novartis a été accusé d'avoir manipulé des données médicales, visant à exagérer l'efficacité du Diovan (ou Valsartan), un médicament contre l'hypertension. Suite à cette affaire, Novartis a remplacé trois dirigeants de sa filiale japonaise.