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"Ceux qui ont promis une baisse des coûts de la santé sont des menteurs"

Alain Berset, conseiller fédéral, chef du Département fédéral de l'intérieur. [Keystone - Anthony Anex]
"Ceux qui vous ont promis une baisse des coûts de la santé sont des menteurs" / Forum / 10 min. / le 16 janvier 2017
Le vieillissement démographique et le progrès technologique expliquent - en partie - l'augmentation continuelle des coûts de la santé, estime Alain Berset. Pour lui, seule une action sur les autres causes permettra de freiner cette hausse.

"La maîtrise des coûts est un enjeu énorme pour le système de santé suisse, j'y travaille depuis que je suis dans le domaine", affirme lundi dans Forum Alain Berset, interrogé dans le cadre d'une émission spéciale consacrée à l'avenir du dossier hospitalier dans le canton de Neuchâtel.

Le ministre de la Santé n'y va pas par quatre chemins: "Il faut le dire clairement et appeler un chat un chat: celles et ceux qui vous ont promis depuis des années de voir un jour les coûts de la santé diminuer vous ont raconté des salades. Ce sont des menteurs."

Les raisons de la hausse des coûts

Deux facteurs expliquent cette hausse inéluctable, selon le Fribourgeois. D'une part, il y a le vieillissement de la population, qui représente "environ 1% à 2% d'augmentation chaque année", et d'autre part le progrès technologique et médical (0,5% à 1% de hausse par an), indique-t-il.

Alain Berset se réjouit de ce progrès. "Nous avons la chance de bénéficier aujourd'hui de nouvelles technologies pour lutter contre des cancers qui étaient incurables, on a des médicaments contre des maladies dont on mourait il y a une quinzaine d’années", souligne-t-il.

On a toujours l'impression qu'on a un accès facile et qu’on va nous l’enlever

Alain Berset

Reste que ces deux facteurs n'expliquent qu'une partie de l'augmentation des coûts, relève le conseiller fédéral. "Nous devons lutter contre la hausse qui va au-delà. C’est celle-là qui est scandaleuse!", lance-t-il, assurant s'engager "avec beaucoup de force" dans cette direction.

La planification hospitalière, outil essentiel

"Mais le Conseil fédéral n'est pas pas seul dans cette affaire, il y a aussi les acteurs privés et les cantons, qui ont un rôle à jouer pour rendre le système de santé plus efficient et garantir que les francs investis le sont avec le meilleur retour possible pour la santé des gens", précise-t-il.

Au niveau cantonal, la planification hospitalière est l'outil qui permet d'améliorer l'efficacité du système de santé. Or, les réformes - centralisation ou fermeture de centres de soins aigus - font souvent l'objet de vives oppositions au sein de la population, comme cela se traduit encore à Neuchâtel.

Alain Berset juge ces inquiétudes "compréhensibles". "On a toujours l'impression qu'on a un accès facile et qu’on va nous l’enlever", explique-t-il, tout en affirmant que "ces craintes ne se sont pas réalisées" dans les cantons où les réformes ont été mises en place.

Une spécialisation nécessaire

"Cette réorganisation constante du système hospitalier répond aussi à l’évolution du monde actuel, avec des moyens de transport beaucoup plus simples", argumente le conseiller fédéral, pour qui la question centrale est celle de la répartition de l'offre et de la complémentarité.

Il y a probablement trop d’hôpitaux qui essaient de faire la même chose

Alain Berset

Dans ce sens, il affirme qu'il y a "probablement trop d’hôpitaux qui essaient de faire la même chose" en Suisse. Selon lui, une spécialisation est nécessaire "si on souhaite avoir des hôpitaux de grande qualité non seulement dans les villes universitaires mais aussi dans les autres régions".

Pour Alain Berset, vu l'évolution rapide de la technologie et des spécialités médicales, les cantons ne peuvent pas se permettre d’avoir toutes les prestations sur chaque site. "Ou alors ils peuvent le faire, mais avec le risque de tout perdre", conclut le ministre de la Santé.

>> Le débat sur l'avenir de l'Hôpital neuchâtelois dans Forum :

Chrystel Domenjoz, Laurent Kurth, Bertrand Kiefer, Christian Favre, Claude-André Moser et Théo Bregnard (de gauche à droite). [RTS - Deborah Sohlbank]RTS - Deborah Sohlbank
Débat sur l’avenir hospitalier du canton de Neuchâtel / Forum / 27 min. / le 16 janvier 2017

Didier Kottelat

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