"Je suis surpris par les propos de Marc Walder, peut-être fait-il référence aux dernières semaines", a indiqué Serge Michel, pour commenter les propos critiques de Marc Walder, directeur de Ringier, envers les voix qui s'élèvent pour aider Le Temps après la disparition de L'Hebdo.
Le journaliste ayant notamment collaboré au Temps et à L'Hebdo rappelle qu'en 2013 et 2014 -quand Le Temps a été mis en vente par ses deux propriétaires- le Cercle des amis du Temps s’est constitué pour rassembler des investisseurs prêts à racheter ou à participer à son capital dans un deuxième temps.
"On était assez proche d'un accord"
"On a négocié pendant deux mois avec Ringier (qui s'était porté acquéreur, ndlr) sur une participation de 8 millions." Une somme que les investisseurs étaient prêts à mettre pour développer la rédaction.
Et d'ajouter: "on était assez proche d’un accord, puis Ringier a émis de nouvelles conditions, notamment la fusion avec L’Hebdo à laquelle les investisseurs du Cercle des amis du Temps ne croyaient pas. Je crois que l’avenir nous a malheureusement donné raison. Il y avait aussi le fait qu’il fallait absolument déplacer la rédaction dans les locaux de L’Hebdo à Lausanne, alors que les investisseurs voulaient plutôt Genève ou l’EPFL."
Serge Michel détaille encore que Ringier jugeait qu'investir 8 millions de francs dans la rédaction était trop important. "Ils voulaient 4 millions pour diminuer la facture qu'eux-mêmes avaient payée en rachetant la part de Tamedia. Et consentaient éventuellement que 4 millions soient investis dans la rédaction."
"Ringier croyait plutôt aux économies, aux restructurations"
"En vérité, il y avait une différence assez fondamentale d’approche", estime le journaliste. "Les investisseurs et mécènes qui étaient prêts à faire une fondation d’intérêt public pour participer au capital du Temps croyaient dans l’investissement, dans le fait de développer la rédaction. Alors que Ringier croyait plutôt aux économies, aux restructurations."
Serge Michel croit toujours à cet idéal, alors que les collaborateurs de la newsroom de Ringier à Lausanne seront informés jeudi prochain sur leur sort, 37 postes vont être supprimés. "Je pense qu’il y a un moment, il faut investir, on voit que ça marche. Je ne crois pas à la stratégie de l’économie et à la rentabilité qui revient par miracle."
Lara Gross