Le projet a convaincu 1,5 million de personnes, alors que seuls quelque 923'000 ont glissé un "non" dans l'urne.
"Je suis très contente de ce résultat très clair qui nous permet désormais de planifier de quelle manière avancer dans des investissements pour éviter les bouchons. Cela permet de planifier pour les 20 ans à venir la mobilité de demain, où il faudra également considérer la digitalisation, les nouveaux services qui arrivent et qu’il faut intégrer à notre système", a déclaré à la RTS la conseillère fédérale Doris Leuthard.
FORTA a reçu le soutien le plus élevé dans les cantons de Neuchâtel (76,9%) et de Vaud (74,3%). Tous deux attendent la manne fédérale pour construire entre autres les contournements de Morges (VD) et du Locle (NE).
"Les Vaudois étaient sous-dotés"
Pour la conseillère d'Etat vaudoise en charge des Infrastructures Nuria Gorrite, interrogée par la RTS, ce résultat est une "immense satisfaction". "Les Vaudois, jusqu'à présent, étaient sous-dotés en matière d'investissements fédéraux, ce qui explique le plébiscite du canton", justifie-t-elle.
La conseillère d'Etat souligne ainsi l'importance de FORTA pour plusieurs projets cantonaux, estimant de plus qu'une "bonne circulation des personnes et des marchandises est un élément qui est nécessaire pour la compétitivité économique d'un pays."
Dans les autres cantons romands, le projet remporte un bon succès d'estime. Le Valais l'approuve à 63,4%, le Jura à 61,8%, le canton de Fribourg à 60,2%, celui de Berne à 59,1% et Genève à 56,8%. Aucun canton n'a boudé le nouveau fonds routier. Le "oui" le plus timide a été prononcé par Bâle-Ville et atteint 53,6%.
"L'agonie du dogme tout au transport public"
"C'est un moment historique", réagit sur les ondes de la RTS Patrick Eperon. Le délégué transport et énergie au Centre patronal vaudois voit dans ce résultat "l'agonie du dogme tout au transport public".
Du côté de l'Association transports et environnement, on dénonce un projet qui va coûter "extrêmement cher" au contribuable tout en prévoyant une mauvaise répartition des dépenses. "Il y a eu un déséquilibre entre les fonds alloués pour les autoroutes et ceux prévus pour les agglomérations", analyse Valérie Schwaar, secrétaire générale de la section vaudoise de l’Association transports et environnement (ATE).
Comme elle, une partie de la gauche estimait par ailleurs que la hausse de 4 centimes de la surtaxe sur l'essence ne suffit pas à financer FORTA. Les automobilistes ne mettent pas assez la main au portemonnaie. En outre, avec le trou creusé dans les caisses fédérales, ce sont les autres qui doivent se serrer la ceinture.
Victorien Kissling, avec ats
Réduire les bouchons
Le fonds pour les routes nationales et le trafic d'agglomération (FORTA) se veut le jumeau du fonds ferroviaire, accepté par 62% des électeurs en 2014. Il permettra de remplacer les infrastructures routières devenues obsolètes et ainsi de réduire les bouchons.
Un montant de 390 millions de francs est prévu pour des projets de mobilité douce, de trams ou de métros en ville. Les cantons participeront à hauteur de 60 millions de francs par an à l'intégration des 400 km de routes cantonales au réseau national, repoussée par le peuple en 2013 car couplée à la hausse de la vignette à 100 francs.
Le Conseil fédéral satisfait
Le Conseil fédéral, la droite et nombre d'organisations de transports, privés et publics ont rappelé avec succès que le fonds est équilibré et équitable. Selon eux, il permet de réduire les bouchons sur les autoroutes et assure la complémentarité des transports en ville.
La plupart des parlementaires ont fait campagne pour le fonds. Ils ont préféré ne pas raviver une guerre rail-route toujours défavorable aux transports publics. De plus, un oui évite un moratoire sur les projets d'agglomération et permet d'assurer le développement des régions périphériques.
Pour les Verts en revanche, la pilule est amère. Leur présidente Regula Rytz estime que FORTA va à l'encontre des efforts de protection du climat. "Le fonds aura pour conséquence une augmentation du trafic routier", prévoit-elle: accepter le fonds, c'est appeler de ses voeux une croissance du trafic, ce qui revient à hypothéquer la politique environnementale. Les Verts continueront de lutter au niveau local.