La France n'accueille pas "toute la misère du monde". La Suisse non plus. Une étude publiée cette semaine a montré que certains groupes d'immigrés étaient plus diplômés que la population française dans sa globalité. Les chiffres de l'Office fédéral de la statistique (OFS), consultés par la RTS, permettent d'arriver à des conclusions similaires en ce qui concerne la Suisse.
Seulement 14,5% des résidents de nationalité suisse sont ainsi diplômés d'une Haute école (université, EPF, Haute école spécialisée et pédagogique) contre 24% pour les personnes issues de l'immigration habitant de manière permanente dans le pays. Une part de diplômés qui atteint 29,5% pour les ressortissants de pays extra-européens, tels que les Etats-Unis, mais ne dépasse pas les 9% pour les pays européens hors Union européenne (UE) et AELE.
Profils de plus en plus qualifiés
Ces chiffres ne surprennent pas outre mesure Etienne Piguet, professeur de géographie à l'Université de Neuchâtel. "Depuis une dizaine d'années, la Suisse connaît une vague d'immigration qui se compose de profils de plus en plus qualifiés", souligne-t-il.
Aux yeux de ce spécialiste des questions migratoires, ces résultats témoignent de la contribution de l'immigration sur le niveau de qualifications de la population suisse dans son ensemble. "C'est un effet positif", se réjouit-il.
Alors que l'étude française bat en brèche, à juste titre, un certain nombre de stéréotypes, les chiffres suisses attestent plutôt de l'extrême diversité de notre migration
La migration extra-européenne est celle qui est la plus diplômée. Cela donne, dans l'ordre, les ressortissants américains, les russes, suivis des indiens et des chinois. Entre 7000 à 8000 permis de travail sont accordés chaque année à des migrants hautement qualifiés, jugés "indispensables" à l'économie helvétique. Des "spécialistes". "Il s'agit d'un canal de migration spécifique qui répond aux besoins de l'économie", indique Etienne Piguet.
Asile et regroupement familial
A l'inverse, les résidents originaires de pays européens, mais hors UE, connaissent un taux de diplômés de Hautes écoles inférieur à 9%. Il s'agit principalement de pays de l'Europe de l'Est comme la Serbie, l'Albanie et le Kosovo. "Ce canal de migration-là ne répond pas à une logique économique, fait valoir Etienne Piguet, mais est davantage lié à l'asile et au regroupement familial."
Et le spécialiste de conclure: "Alors que l'étude française bat en brèche, à juste titre, un certain nombre de stéréotypes, les chiffres suisses attestent plutôt de l'extrême diversité de notre migration."
Théo Allegrezza
Une répartition équitable en Suisse
En Suisse, la majorité des habitants de nationalité suisse (40%) font une formation professionnelle élémentaire (Secondaire II professionnel), un apprentissage par exemple.
Le reste des résidents suisses se répartissent de manière plus ou moins équitable entre les différents niveau de formation.
>> Niveau de formation de la population résidente de plus de 15 ans de nationalité suisse
En France, une étude démonte les stéréotypes
L'étude de l'Institut national d'études démographiques (INED), publiée mardi et relayée par les médias français, a fait couler beaucoup d'encre dans l'Hexagone. D'après ces résultats, plusieurs groupes issus de l'immigration comprennent en leur sein un pourcentage de diplômés supérieur à la moyenne française.
Ainsi 43% des Chinois, 35% des Vietnamiens ou encore 32% des Polonais résidant en France sont au bénéfice d'un diplôme de l'enseignement supérieur contre 27% seulement pour la population générale adulte du pays.
La mythologie du migrant perçu comme "un pauvre hère débarqué en haillon" s’éloigne de plus en plus de la sociologie réelle de l’exilé, écrivait mercredi Le Monde.