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Bientôt une prime au clic pour des journalistes romands de Tamedia?

Un lecteur consulte le site de 20 Minuten sur une tablette. [Keystone - Martin Ruetschi]
Bientôt une prime au clic pour des journalistes romands de Tamedia? / Le 12h30 / 2 min. / le 23 février 2017
Après les journalistes alémaniques, Tamedia pourrait instaurer le 1er mars prochain une prime au clic pour leurs homologues romands qui traitent les dépêches d'agences pour les différentes publications du groupe, a appris la RTS.

L'idée, appliquée en Suisse alémanique, est de stimuler la production et la qualité des articles, et de récompenser les meilleurs éléments. Cette mesure test touche d'abord les journalistes qui publient et habillent les dépêches pour les versions web des cinq publications germanophones de Tamedia, mais qui pourrait affecter 11 employés romands qui travaillent pour 20 minutes, la Tribune de Genève, Le Matin, et 24 heures.

Concrètement, à chaque trimestre, l'équipe de Newsexpress recevra un bonus collectif de 1500 francs si le nombre de clics dépasse celui du trimestre précédent. De plus, le journaliste qui aura produit le plus d'articles et attiré le plus de visiteurs touchera une prime de 800 francs par trimestre. Le deuxième au classement percevra 500 francs, le troisième 300 francs.

Crainte d'une prime au sensationnalisme

Mais pour certains journalistes romands qui travaillent pour Newsexpress, la mesure a du mal à passer. Ils craignent une concurrence malsaine et une course au clic. La crainte majeure est de sacrifier l'information au nom de la rentabilité et de la productivité et donner une prime au sensationnalisme.

Les publications les plus lues sur internet, celles qui génèrent du clic, sont souvent liées aux faits divers ou à la rubrique people. Car à force de prendre en compte l'intérêt du lecteur, il existe un risque important de prioriser l'émotionnel au détriment de l'information, estiment les voix critiques.

"Evidemment que c'est un risque; c'est pour ça qu'on a prévu des garde-fous, notamment les sujets qui seront les plus consultés ne seront pas pris en compte de même que les moins consultés", se défend Philippe Favre, rédacteur en chef de 20 minutes et de Newsexpress.

Et d'expliquer qu'il s'agit "de prendre les sujets les plus exigeants pour les mettre en valeur. On veut valoriser le travail de l'ombre sur ces sujets-là et certainement pas des sujets de divertissements ou anecdotiques, qui ne sont pas traités par les journalistes visés par ce système."

Phase test

"Il s'agit d'un test; on apprendra au cours de ces trois mois si effectivement ce système est pertinent ou pas", ajoute Philippe Favre. Si le rédacteur en chef romand est favorable à l'idée de gratifier les journalistes, il réfléchit encore à la mise en place ou non de cette rémunération. Une décision doit être prise en début de semaine prochaine.

Cédric Guigon/Mathieu Cupelin/lgr

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