Comment garantir la diversité des médias et des opinions? Le réalisateur et président de Médias pour tous Frédéric Gonseth affirme dans le Journal du matin que de défendre les médias de service public ne suffit pas. "Il ne faut pas oublier que la presse privée joue aussi un rôle de service public."
"Socialement, L'Hebdo est rentable", avait lancé l'association Médias pour tous, après l'annonce de sa fermeture. Son président précise d'ailleurs que les journalistes visés ne baissent pas les bras. Au contraire, "il y a en ce moment une grande énergie de la part des journalistes". Deux nouveaux organes seraient dans les starting-blocks, selon lui, malgré une "faiblesse à se financer au départ".
Financement direct et indirect
La recherche d'un nouveau modèle et le soutien de la collectivité sont par conséquent des questions centrales, précise le réalisateur. "Il faut combiner des mesures incitatives qui encouragent l'innovation et il faut garantir que la presse papier ne disparaisse pas d'un coup. Et au milieu, il faut aussi des formes de nouveaux journaux, de nouveaux organes sur le web en rapport avec le print, qui financerait ces journaux."
Alors que les débats politiques autour du financement direct ou indirect opposent la gauche et la droite, Frédéric Gonseth prône les deux: "Il faut une aide directe, par la poste, par des mesures d'incitation à l'innovation et l'aide aux imprimeries, pour que ne disparaissent pas les rotatives. Puis une aide indirecte, inspirée des grandes fondations qui permettent pas exemple dans le cinéma suisse d'aider des contenus à naître, sans pour autant que ceux qui les financent contrôlent ce contenu."
Metin Arditi, le mécène?
N'y a-t-il pas de mécène en Suisse, désireux de se mobiliser pour sauver ces journaux? "Il y a des initiatives qui naissent en ce moment", répond le cinéaste, en tournage actuellement d'un documentaire sur les médias. Selon lui, l'écrivain Metin Arditi, par exemple, a participé à la séance de lancement d'un nouvel organe, qui pourrait s'appeler "Bon pour la tête".
"Il faut offrir à ces gens un cadre, leur montrer qu'on a créé une sorte de plateforme, qui permette d'un côté à l'argent de financer ces efforts et de l'autre aux journalistes de garder leur indépendance. Il faut trouver la formule", conclut le réalisateur, dont le film "La bataille du Gripen" sort mercredi.
fme
"L'UDC a tendance à rejeter une certaine presse à travers des initiatives"
Aux Etats-Unis les réseaux sociaux ont été déterminants dans la formation de l'opinion publique, qui a débouché sur l'élection de Donald Trump. La presse n'a rien pu face à cette déferlante. "L'exemple américain est très bon et montre où on peut aller quand on laisse dépérir l'objet de connexion qui existe entre les individus", dit Frédéric Gonseth, président de Média pour tous et réalisateur.
"Si on laisse faire le privé dans un grand marché comme les Etats-Unis, on aboutit à une déperdition du service public. Les médias se sont un peu perdus dans la campagne avant l'élection Trump, le plus grand nombre ayant versé contre lui, prenant le risque de perdre son rôle".
Désormais, la presse est vue par le président américain comme un parti d'opposition. Pour Frédéric Gonseth, il est impératif d'éviter de tomber dans ce piège. "Nous en sommes encore loin en Suisse, même s'il y a un élan. A l'image de l'UDC, qui a tendance a rejeter une certaine presse, à travers des initiatives comme "NoBillag'".