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"Ce n'est pas l'Europe qui demande ce milliard, c'est nous qui décidons"

Pascale Baeriswyl. [Keystone - Alessandro della Valle]
Pascale Baeriswyl, secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères / L'invité de la rédaction / 22 min. / le 6 mars 2017
La nouvelle secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères Pascale Baeriswyl, qui succédera à Jacques de Watteville pour coordonner les négociations avec l'Union européenne, évoque les discussions à venir avec son partenaire.

"Je me réjouis d’accueillir ce défi et de reprendre le dossier à partir du 1er avril", a affirmé lundi l'invitée du Journal du matin de la RTS Pascale Baeriswyl, secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères depuis le 1er décembre dernier.

Fraîchement nommée pour coordonner les négociations avec l'Union européenne, la Bâloise ne semble pas craindre les tensions nées après le 9 février 2014. Elle dit aborder cette mission "avec sérénité et un peu de pression", précisant que les relations entre la Suisse et l'UE sont sorties d'une période plutôt difficile le 16 décembre dernier, grâce à la loi de mise en oeuvre de l'initiative sur l'immigration de masse.

Un "partenaire" égalitaire

Selon Pascale Baeriswyl, la croyance véhiculée par certains selon laquelle Bruxelles dicterait ses conditions est erronée. Elle rappelle que l'UE est le partenaire commercial le plus important de la Suisse. Mais inversement, la Suisse représente leur troisième partenaire en matière de commerce, après les Etats-Unis et la Chine, et leur deuxième partenaire en matière de services.

"C'est une relation beaucoup plus égalitaire qu'on a tendance à le voir dans les médias ou auprès de la population. Je pense que l'Union européenne est tout à fait consciente que la Suisse est importante pour elle."

>> Relire sur ce sujet : La Suisse, bénéficiaire vis-à-vis de l'Union européenne?

Pour Pascale Baeriswyl, l'Union européenne représente donc "un partenaire" avec qui il faut soigner les relations au quotidien. "Les discussions ne sont pas toujours des négociations. C'est pour cela que le Conseil fédéral m'a nommée cheffe coordinatrice et non pas cheffe négociatrice. Ce que nous faisons avec l'Union européenne sont des discussions d'exploration. Et ensuite, effectivement, il y a des négociations en cours."

Milliard de cohésion et accord-cadre

Quid du milliard de cohésion, demandé par l'UE? Ne crispe-t-il pas à nouveau les relations? "Non", répond la future coordinatrice. "Ce n'est pas l'Europe qui nous demande ce milliard, c'est nous qui décidons si nous voulons investir dans une deuxième contribution de solidarité pour la prospérité et la sécurité des pays de l'Est et des pays qui ont rejoint l'Union européenne ces dernières années."

Autre dossier sensible, l'accord institutionnel, ou accord-cadre, que la présidente de la Confédération a dit vouloir débloquer d'ici à la fin de l'année. Si la secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères refuse de se prononcer sur ce délai, elle semble toutefois disposée à vouloir débloquer la situation.

"Le droit européen est quelque chose qui évolue, comme un film. Nous, nous avons des accords bilatéraux qui représentent des photos dans ce film." L'accord institutionnel permettrait ainsi d'accorder les photos au film, selon son image, évitant aux deux parties de devoir renégocier chaque fois l'état des lieux d'un accord bilatéral.

Répondant aux inquiétudes de l'UDC genevois Yves Nidegger, qui estimait qu'en tant que membre du PS, Pascale Baeriswyl allait négocier à gauche, cette dernière répond: "Je suis membre du PS, c'est vrai, mais je ne suis pas politicienne dans la fonction actuelle. Je suis une employée de l'Etat, au service de l'Etat, et je mettrai en oeuvre ce que le Conseil fédéral décidera."

fme

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"Très long chemin" dans les discussions sur l'Erythrée

La Suisse s'est alliée avec trois autres pays européens, l'Allemagne, la Norvège et la Suède, sur la question de l'immigration des Erythréens. Comme la Suisse, ces trois pays comptent parmi les plus convoités par les ressortissants de l'Erythrée.

Une délégation s'est rendue en janvier dans la capitale Asmara. "Les discussions sont difficiles et positives, mais c'est pour l'instant un tout petit pas et le chemin sera très long", commente Pascale Baeriswyl.