C'est un changement radical de ton et de pratique, même si on reste loin des standards de transparence internationaux. Réunie mardi en assemblée générale à Berne, la Société suisse de publics affairs (SSPA) a tiré un bilan positif de son nouveau régime d'autodéclaration: depuis l'été dernier, chaque membre publie la liste de ses clients.
Mais tous les lobbyistes ne jouent pas le jeu, surtout les grandes agences internationales de consultants. L'organisation faîtière des lobbyistes a ainsi enregistré une trentaine de démissions et il a même fallu en expulser certains, comme le confirme Robert Hilty, secrétaire général de la SSPA, interrogé dans le Journal du matin: "On suit à la lettre notre code de déontologie. La réputation du lobbyiste en Suisse n'est malheureusement pas encore au niveau des autres pays".
Secret des affaires revendiqué
Les lobbyistes suisses ne sont pas au bout de leurs efforts de transparence. Il subsiste un réel clivage entre ceux qui représentent une seule entreprise ou un groupe d'intérêts bien identifié et les agences qui ont de nombreux clients et revendiquent le secret des affaires.
Pour Robert Hilty, ces cachotteries vont à l'encontre des standards internationaux de transparence, bien plus poussés qu'en Suisse. "A Bruxelles, les agences doivent tout déclarer, même les budgets, et elles le font. La succursale suisse ne le fait pas, revendiquant la protection du client".
Transparence financière pas à l'ordre du jour
Pour mettre tout le monde d'accord, la SSPA compte sur l'instauration d'un registre officiel et obligatoire. Le Parlement doit en reparler la semaine prochaine mais c'est loin d'être acquis. Et surtout, il n'est pas encore question de rendre publics les montants qui sont en jeu.
Ludovic Rocchi