Alors que la remise en question de la libre circulation paraissait inconcevable et économiquement déraisonnable, des avis contraires commencent à se faire entendre, notamment dans les milieux politiques et économiques.
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"Je crois vraiment que l'Union européenne fait fausse route en érigeant la libre circulation des personnes comme un dogme", abonde Jean-Pierre Danthine, dans Le journal du matin. "C'est quelque chose qui doit être rediscuté et je pense que c'est tout à fait compatible avec la construction européenne."
Un seuil à ne pas dépasser
Selon l'ancien vice-président de la Banque nationale suisse, cette construction européenne "doit se faire en accord avec ce que les peuples sont prêts à accepter". "Je crois qu'on a été beaucoup trop vite d'un point de vue technocratique, il faut peut-être faire un temps d'arrêt."
Un avis partagé par la conseillère aux Etats socialiste Géraldine Savary. "La libre circulation c'est l'enjeu de l'Union européenne actuellement et c'est un enjeu pour lequel elle n'est absolument pas à la hauteur."
Comme solution, Jean-Pierre Danthine préconise un seuil limite à ne pas dépasser: "à partir d'un seuil, par exemple de 1% de la population par an sur trois ans, les pays, en concertation avec les autres, pourraient mettre des freins à la libre circulation."
"La Suisse doit faire le premier pas"
Dans ce contexte, la Suisse doit faire le premier pas, selon lui. "Elle doit entrer dans ce dialogue que je souhaite au sein de l'Union européenne en disant 'vous faites fausse route avec ce dogme, n'importe quel pays de la communauté, s'il avait une immigration aussi forte qu'en Suisse, aurait des problèmes de résistance, regardez ce qui s'est passé avec le Royaume-Uni'."
"Brutal et dangereux"
Invité du Journal du matin, Pascal Broulis a tempéré cette vision, relevant que "la libre circulation est bénéfique, par contre elle doit être accompagnée. Le conseiller d'Etat vaudois chargé Finances ne pense pas que la libre circulation a été trop loin, mais elle a été trop vite.
En revanche, le ministre PLR rejette l'idée lancée ces derniers jours d'en finir avec la libre circulation. "C'est brutal et dangereux... Si vous dites on se referme d'un seul coup, alors ça génère des contre-mesures."
Laetitia Guinand/lgr