En 1871, le dernier loup indigène officiellement recensé était abattu au Tessin. Il a fallu attendre les années 1990 pour voir le loup revenir en Suisse. Aujourd'hui, environ 30 à 35 loups vivent dans le pays, selon une estimation de l'organisation Kora, qui assure le suivi continu des grands carnivores en Suisse.
Ces loups, issus de populations des régions alpines italiennes et françaises, sont souvent de passage. Pourtant, certains individus se sont définitivement établis sur le territoire helvétique, et ont parfois même créé une famille, avec une femelle et des louveteaux nés en Suisse.
La présence d'une telle meute a été attestée pour la première fois en septembre 2012, dans le massif du Calanda (GR). Depuis cette date, deux autres meutes de loups se sont établies dans le pays, une à l'est de Bellinzone, au Tessin, et une autre dans la région d'Augstbord, dans le Haut-Valais.
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De nouvelles meutes en formation?
Ailleurs, d'autres meutes sont peut-être en formation, selon les experts. Ainsi, dans le canton de Fribourg, deux loups se déplacent ensemble, indique le Service des forêts et de la faune, contacté par la RTS. La saison des amours s'étendant de février à mars, des louveteaux pourraient voir le jour au printemps.
Idem dans le canton de Vaud, qui recense entre 3 et 4 loups sur son territoire. Trois d'entre eux sont dans la vallée de Joux, tandis qu'un quatrième semble encore nomade, relève la Direction générale de l'environnement, qui attend la fin de la période de reproduction pour voir si une meute se développe.
En Valais, près de Vercorin (VS), des pièges photographiques avaient révélé récemment la présence de deux loups. Toutefois, la louve abattue illégalement à la mi-février à Mayoux, dans le Val d'Anniviers, pourrait être l'un des deux animaux. Un acte de braconnage qui empêcherait l'installation d'une nouvelle meute.
Des bergers en colère
Cet épisode montre à quel point la question du retour du loup suscite une vive émotion en Suisse, en particulier dans les régions alpines. Les attaques contre les troupeaux de chèvres et de moutons sont en effet fréquentes, alimentant la colère des bergers.
Les politiques réagissent également. Les interventions parlementaires en Valais et à Berne pour réguler plus drastiquement la présence des grands prédateurs se multiplient. Une initiative cantonale en ce sens, lancée par le PDC du Haut-Valais, a récolté 9500 signatures. Un texte similaire vient d'être lancé à Uri.
Dans le camp adverse, les milieux favorables aux grands prédateurs ne sont pas en reste. Le Groupe Loup Suisse a ainsi proposé une récompense de 10'000 francs à qui dénoncera le braconnier du Val d'Anniviers. Il demande également un moratoire sur l'autorisation de tir d'un jeune loup de la meute d'Augstbord.
Une vingtaine de loups tués depuis 1998
Depuis 1998 et le retour du loup en Suisse, une vingtaine de bêtes ont été tuées. Près de la moitié l'ont été à la suite d'une autorisation de tir, dont au moins sept en Valais.
Au moins six loups sont morts consécutivement à des accidents, en particulier de la route, selon un décompte de Pro Natura. A l'image du dernier cas du Val d'Anniviers, au moins quatre autres de ces prédateurs ont été abattus illégalement.
Claudine Gaillard Torrent/Mathieu Henderson