Recep Tayyip Erdogan est apparu lundi à la télévision turque en brandissant la Une du Blick, qui lance un appel en turc et en allemand aux Turcs de Suisse pour leur demander de voter non au référendum pour renforcer les pouvoirs du président.
A un mois du référendum, Ankara parle de manque de respect de la part du quotidien alémanique, qui a titré: "Chers Turcs de Suisse, votez non à la dictature d'Erdogan". Les médias pro-gouvernementaux parlent mardi de "Une scandaleuse" et évoquent un journal "raciste, d'extrême droite".
Revenant sur cette Une et sur les différentes manifestations favorables ou non organisées en Suisse, les médias nationaux dénoncent "une campagne anti-turque, islamophobe et raciste". Ces propos illustrent à quel point cette crise diplomatique est prise au sérieux en Turquie.
Fierté du rédacteur en chef du groupe Blick
Interrogé dans Le 12h30, Christian Dorer, rédacteur en chef du groupe Blick, ne cache pas sa fierté d'avoir vu son journal entre les mains du président Erdogan. "On a été premièrement très étonnés, on ne s'attendait pas à ça, mais on est content que même le président lise le Blick. C'est clair, il nous a critiqués et essaie de dire dans son pays que tout le monde est contre lui et maintenant même la Suisse."
Il ajoute qu'il n'est pas question de donner suite à la demande de réparation du président turc. "Non, évidemment pas, chez nous au contraire de la Turquie, on a la liberté d'expression."
Fédération des associations turques de Suisse romande mitigée
Cette lettre ouverte du Blick, adressée à près de 93'000 personnes vivant en Suisse et ayant le droit de vote en Turquie, a été accueillie de façon plutôt mitigée par la fédération des associations turques de Suisse romande. Contactée par la RTS, elle juge cet appel contre-productif.
Membre du comité de cette fédération, David Gün juge l'appel du Blick "un peu léger, dans le sens qu'effectivement il fait un peu de populisme, car il n'y a aucun argumentaire expliquant pourquoi il faut voter non. L'invitation à voter est plutôt dirigée contre le président lui-même."
Rouven Gueissaz/Lara Gross